-Les Franco-Algériens ou enfants d'émigrés traversent-ils une crise identitaire, ou bien n'arrivent-ils pas à s'intégrer dans la société française ? Il s'agit des Franco-Algériens de la deuxième génération. Ils ne sont pas intégrés socialement, ni dans la société française, ni dans la société algérienne. Ils traversent une véritable crise d'intégration. Cela dit, ils vivent un déficit de mémoire collective et n'ont pas de conscience sociale, ni française, ni algérienne, c'est-à-dire les manières d'agir, de penser, de sentir... C'est une crise de solidarité sociale aussi, et un déficit de valeurs. Résultat : un décrochage scolaire, social, familial et un décrochage à l'espérance et la perte des repères. Le plus important, c'est la crise vis-à-vis du travail. Cela a engendré le chômage, puis l'exclusion sociale. -D'après les échos, de nombreux Franco-Algériens, notamment les jeunes en échec, ont tendance à se radicaliser. Ils font l'objet d'une récupération par des islamistes. Qu'en est-il au juste ? Ces jeunes en décrochage ont tendance à se révolter, à se manifester. Ce qui est tout à fait une réaction normale. Ils essaient de se révolter contre la société française en allant par exemple à la mosquée. C'est un processus de rébellion. La religion n'est qu'un refuge, et non pas ce qu'on veut nous faire croire en le présentant comme un phénomène de radicalisation et de récupération. S'il y a des cas, ils sont rares. Le déficit du bonheur des Franco-Algériens est le résultat du déficit d'intensité de leurs liens avec les deux sociétés, française et algérienne. C'est la crise identitaire. Il faut noter aussi que la France traverse une crise économique et sociale.
-Avec la percée du FN, pensez-vous qu'il puisse y avoir confrontation entre ces jeunes issus de l'immigration et les sympathisants de ce parti ? Les partis extrémistes exploitent la crise. Ils utilisent souvent la carte de l'immigration, notamment celle des Franco-Algériens à des fins politiques. Or, la confrontation est beaucoup plus avec les Français d'origine française. L'Algérie a besoin de cette population, économiquement et politiquement. La France aussi a besoin de cette population pour garder et approfondir les relations avec l'Algérie. Malheureusement, cette population est délaissée. La France n'a pas de projet pour ces jeunes. Cependant, les deux pays sont condamnés à assister, à sauvegarder et régler les problèmes des Franco-Algériens. Je me demande ce qu'attendent les deux Etats pour mettre en place des processus rationnels d'intégration pour ces jeunes.