Place à l'ambiance festive mercredi au théâtre romain de Timgad où les trois artistes à l'affiche avaient ce point commun de faire dans le style fête de mariage, à commencer par la nouvelle star syrienne Ali Ed Dik. Ouvrant le concert, l'auteur du mégatube Allouche n'a pas eu de mal à conquérir le public qui a battu ce soir le record d'affluence. Ed Dik a choisi de titiller les sentiments patriotiques en commençant par une chanson sur l'Algérie à la manière de Driassa. Dans les gradins, on n'a pas senti le temps passer, cédant à la voix ténor nourrie de la tradition du folklore montagnard djebli syrien et de ses textes populaires, pétris dans le réalisme. Aux rythmes du lef et du melfouf, l'orchestre jouant à proximité du public, notamment les deux joueurs de tabla, n'a pas lâché une seconde leur chanteur. Ed Dik a fait danser les gradins une heure et demie durant, laissant languir le public qui réclamait son titre préféré Allouche avant de s'exécuter, créant l'adhésion des milliers de spectateurs qui chantaient avec lui tout le texte de la chanson. Dans deux styles différents mais toujours à l'esprit de fête, Noureddine D'ziri et l'enfant du pays Nacereddine Horra feront aussi des prestations remarquables devant un public qui n'a pas quitté les lieux jusqu'à la dernière note. Jeudi, l'affiche concoctée par l'ONCI était 100% marocaine. Dans le style tarab du pays de l'Atlas, Naïma Samih, portant encore les séquelles d'une longue maladie, a tenté de se faire rappeler aux souvenirs du public algérien. Avant elle, l'ex-leader de Djil Djilala, Mohammed Dirham, est revenu lui aussi avec son nouveau projet intitulé Saken. A traduire comme habité par un esprit divin, ce qui résume la voie spirituelle, voire soufie, qu'emprunte le chanteur engagé. Intégrant des sonorités modernes, Dirham n'a pas délesté, cependant, son art de la tradition jouant une musique aux grooves marocains, balancée sur la gamme pentatonique du gnawi et portée par le gumbri et les tonnes de percussions qu'il a ramenés dans ses bagages. Dirham a repris plusieurs titres connus du répertoire de Djil Djilala. Ses nouvelles qcida inspirées toujours de la sagesse populaire demeurent fidèles à son esprit critique et même subversif à l'image de Dib El Ghaba ou encore Ya L'Aïch dans laquelle il pourfend les opportunistes sans dignité. Dirham n'a pas manqué également de manifester sa solidarité avec les peuples libanais, irakien et palestinien et d'égratigner les gouvernements qui se sont engagés dans la normalisation avec l'Etat sioniste. Notons, à la fin, la présence de Hassan Neffali, commissaire du festival de Rabat, venu dans le cadre du réseau des festivals arabes.