Quatre mouvements armés du Nord Mali et les représentants du gouvernement de Bamako ont pu discuter, hier à Alger, de leurs propositions politiques dans le cadre des négociations de paix. Le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), le MAA (Mouvement arabe de l'Azawad), le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et la Coalition du peuple de l'Azawad (CPA) refusaient depuis lundi de participer aux négociations tant que les autres mouvements qu'ils considèrent trop proches des autorités maliennes étaient présents, et tant que les discussions ne se focaliseraient pas sur les aspects politique et institutionnel de la crise. Les représentants de la communauté internationale qui sont les médiateurs de ces négociations ont fini par accepter ces demandes. La réunion, «positive», selon un membre des groupes armés, s'est tenue à l'hôtel Aurassi d'Alger et a abordé des aspects «généraux». Pourtant, mercredi, des diplomates se disaient pessimistes. «Il était impossible de négocier en l'absence des groupes qui ont pris les armes et qui ont affronté l'armée malienne», estime l'un d'entre eux. Malgré une déclaration dans laquelle le gouvernement malien et tous les mouvements armés condamnent les attaques terroristes et s'engagent à tout mettre en œuvre pour qu'elles cessent, la médiation n'a pas pu obtenir d'avancées significatives au cours de la semaine écoulée. Implosions D'autre part, plusieurs mouvements armés du Nord ont commencé à se déchirer. Un protocole d'entente avait été signé samedi dernier entre cinq mouvements armés, le MNLA, le MAA, le HCUA, qui font partie d'une coordination commune, et la CPA et le MAA dissident, qui font partie d'un autre groupe de trois mouvements. Sur ce document, les groupes armés avaient inscrit leur souhait de négocier sur la base d'un projet politique de «fédération». Mais dès dimanche, l'accord était remis en cause par les membres du MAA. «Les partis du protocole d'entente n'ont pas assumé ce qui avait été convenu. La négociation est nécessaire, on ne peut pas la refuser. C'est l'intérêt général de toute la nation, nous ne pouvons pas le prendre à la légère», explique Mohabidin Ould Mohamed, le secrétaire général adjoint du mouvement. Mardi soir, plusieurs membres de la CPA publiaient un communiqué annonçant qu'ils destituaient trois de leurs leaders pour «faute grave et actes de subversion», dénonçant directement la signature du protocole d'entente. «Nous sommes en train de subir les conséquences des choix de la médiation qui a voulu que ces six mouvements participent», regrette un diplomate. Au Mali, une manifestation a réuni une centaine de personnes dans la ville de Gao pour protester contre l'indépendance du Nord du pays, une demande que les mouvements armés s'étaient engagés à abandonner lors de la signature des Accords de Ouagadougou en 2013.