Les Occidentaux et les monarchies du Golfe combattent aujourd'hui les hordes sauvages qu'ils ont entraînées, financées et équipées en armes pour renverser le régime de Bachar Al Assad l Comme pour le cas des talibans en Afghanistan, tout leur revient maintenant à la figure. La coalition menée par les Etats-Unis a continué hier à frapper les positions du groupe Etat islamique (EI) en Syrie et Irak. L'armée américaine a annoncé avoir effectué cinq nouvelles frappes, quatre en Irak et une en Syrie, qui ont notamment détruit des véhicules et une cache d'armes. Dans la seule Syrie, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a fait état d'une série de frappes sur des cibles djihadistes dans la région de Boukamal (ouest), proche de l'Irak, et dans les environs de Aïn Al Arab (Kobané en kurde), une ville frontalière de la Turquie encerclée par le groupe extrémiste depuis près d'une semaine. Ces nouveaux raids sont intervenus au lendemain des premières frappes conduites par Washington et ses alliés arabes sur le sol syrien, un tournant dans la lutte contre l'EI jusqu'alors cantonnée à l'Irak. «Ce n'était que le début, une première vague et nous sommes très satisfaits de notre succès», a déclaré hier Susan Rice, conseillère à la Sécurité nationale de Barack Obama. Les Etats-Unis ont mené un total de 198 frappes aériennes en Irak depuis le 8 août et, appuyés par leurs alliés, 20 en Syrie depuis lundi. Outre l'EI, les frappes américaines, mardi en Syrie, ont visé le «groupe Khorassan», lié à Al Qaîda dans le Nord. Ce groupe jusqu'à présent peu connu aurait projeté de lancer des «attaques majeures» contre des cibles occidentales et éventuellement aux Etats-Unis. Mme Rice n'a pas pu confirmer la mort du chef du groupe Khorassan, qui a été signalée par des témoignages sur les réseaux sociaux. Selon l'OSDH, environ 120 djihadistes ont été tués dans les frappes de mardi, dont 70 de l'EI et 50 d'Al Qaîda. Parmi eux, figure un combattant turc considéré comme «le meilleur tireur» d'Al Qaîda en Syrie. Pour échapper aux frappes, les djihadistes se repositionnent, à l'instar de «milliers de combattants» du Front Al Nosra, branche syrienne d'Al Qaîda, qui ont évacué leurs bases dans la province d'Idleb (nord-ouest), selon l'OSDH. Le président américain, Barack Obama, a insisté à plusieurs reprises sur la dimension internationale de cette coalition mise sur pied à son initiative pour «détruire» l'EI, un groupe qui a proclamé, fin juin, un «califat» sur les régions qu'il contrôle en Irak et en Syrie. Le président américain devrait lancer un appel à renforcer encore cette coalition en s'exprimant hier à l'ouverture de l'Assemblée générale des Nations unies à New York. Le Royaume-Uni envisage de se joindre aux frappes tandis que les Pays-Bas sont prêts à mettre à disposition plusieurs avions de combat F-16, selon des informations de presse dans les deux pays. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est voisin de la Syrie et de l'Irak, a pour sa part déclaré qu'Ankara pourrait fournir un soutien militaire ou logistique à l'opération. La Turquie avait refusé, dans un premier temps, de participer à la coalition. Il n'est pas faux de dire que les Occidentaux et les monarchies du Golfe combattent aujourd'hui les hordes sauvages qu'ils ont entraînées, financées et équipées en armes pour renverser le régime de Bachar Al Assad. Comme pour le cas des talibans en Afghanistan, tout leur est revenu à la figure. La seule différence c'est qu'à l'inverse de l'Afghanistan, la donne syrienne et irakienne risque de provoquer, à terme, la balkanisation de toute la région.