Un sommet du Conseil de sécurité devait avoir lieu dans la soirée d'hier à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU La coalition menée par les Etats-Unis a continué hier à frapper les positions du groupe Etat islamique (EI) en Syrie et Irak, avant le début de l'AG de l'ONU qui sera dominée par la lutte contre l'enrôlement des jihadistes étrangers. L'armée américaine a annoncé avoir effectué cinq nouvelles frappes hier, quatre en Irak et une en Syrie, qui ont notamment détruit des véhicules et une cache d'armes. Dans la seule Syrie, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH, basé en Grande Bretagne) a fait état d'une série de frappes sur des cibles jihadistes dans la région de Boukamal (ouest) proche de l'Irak, et dans les environs d'Aïn al-Arab (Kobané en kurde), une ville frontalière de la Turquie encerclée par le groupe extrémiste. Ces nouveaux raids sont intervenus au lendemain des premières frappes conduites par Washington et ses alliés du Golfe sur le sol syrien, un tournant dans la lutte contre l'EI jusqu'alors cantonnée à l'Irak. «Ce n'était que le début, une première vague et nous sommes très satisfaits de notre succès», a déclaré hier Susan Rice, conseillère à la sécurité nationale de Barack Obama. Les Etats-Unis ont mené un total de 198 frappes aériennes en Irak depuis le 8 août et, appuyés par leurs alliés, 20 en Syrie depuis lundi. Le président américain Barack Obama a insisté à plusieurs reprises sur la dimension internationale de cette coalition mise sur pied à son initiative pour «détruire» l'EI, un groupe qui a proclamé fin juin un «califat» sur les régions qu'il contrôle en Irak et en Syrie. «Il ne s'agit pas simplement du combat de l'Amérique» et «le monde est uni» contre la menace jihadiste, a-t-il affirmé mardi. Le président américain devrait lancer un appel à renforcer encore cette coalition en s'exprimant hier à l'ouverture de l'Assemblée générale des Nations unies à New York. Le Royaume-Uni envisage de se joindre aux frappes tandis que les Pays-Bas sont prêts à mettre à disposition plusieurs avions de combats F-16, selon des informations de presse dans les deux pays. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a pour sa part déclaré qu'Ankara pourrait fournir un soutien militaire ou logistique à l'opération. La Turquie, voisine à la fois de l'Irak et de la Syrie, avait refusé dans un premier temps de participer à la coalition. Quelque 12.000 combattants étrangers venus de 74 pays auraient rejoint les organisations extrémistes en Irak et en Syrie, ce qui représente la plus forte mobilisation étrangère depuis la guerre d'Afghanistan dans les années 1980, selon le Centre international d'Etude de la radicalisation, basé à Londres. La majorité viennent du Moyen-Orient (Arabie saoudite, Jordanie) et du Maghreb (Tunisie, Maroc), mais le nombre d'Européens est en hausse, à «environ 3.000», selon le coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme. Outre l'EI, les frappes américaines mardi en Syrie ont visé le «groupe Khorassan», lié à Al Qaîda dans le nord. Ce groupe jusqu'à présent peu connu s'apprêtait à lancer des «attaques majeures» contre des cibles occidentales et éventuellement aux Etats-Unis. Mme Rice n'a pas pu confirmer la mort du chef du «groupe Khorassan», qui a été signalée par des témoignages sur les réseaux sociaux. Selon l'Osdh, environ 120 jihadistes ont été tués dans les frappes de mardi, dont 70 de l'EI et 50 d'Al Qaîda. Parmi eux, figure un combattant turc considéré comme «le meilleur tireur» d'Al Qaîda en Syrie. Pour échapper aux frappes, les jihadistes se repositionnent, à l'instar de «milliers de combattants» du Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al Qaîda, qui ont évacué leurs bases dans la province d'Idleb (nord-ouest), selon l'OSDH. Dans le nord de la Syrie, le flot de Kurdes fuyant la récente avancée de l'EI autour d'Aïn al-Arab s'est nettement ralenti, ont indiqué hier les autorités turques. Quelque 140.000 réfugiés ont déjà été accueillis en Turquie depuis le début de ce vaste exode.