Dix ans après sa disparition, un hommage est rendu à l'immense acteur Nino Manfredi. Celui qui n'a pas vu jouer ce comédien hors-pair peut se dire qu'il a raté quelque chose dans le cinéma. Véritable icône du cinéma italien, et notamment de la comédie à l'italienne, il avait réussi à développer comme rarement un jeu où le rire pouvait côtoyer le tragique sans que l'on soit capable de les séparer. Avec Ugo Tognazzi, Marcello Mastroianni, Vittorio Gassman, Toto, Alberto Sordi et autres, il a formé l'une des plus prestigieuses équipes d'acteurs au monde, une équipe sans laquelle les grands réalisateurs que comptaient le cinéma italien des années cinquante et suivantes, n'auraient jamais pu donner la pleine mesure de leur talent. Né en 1921 dans une famille modeste de la région de Rome, il étudia le droit pour répondre aux vœux de son père. Une fois ses études achevées, il entra à l'Académie nationale des arts dramatiques. Il se retrouve dans la troupe de Vittorio Gassman et commence une carrière sur les planches en tant qu'acteur, chanteur et parolier. Ses débuts au cinéma sont hésitants. Il double des acteurs étrangers et, en 1949, il obtient des petits rôles qui, selon la légende, lui étaient payés en repas ! En 1955, il joue dans Les Amoureux, de Mauro Bolognini, film sélectionné au Festival de Cannes où il est remarqué. Quatre ans plus tard, il obtient un grand rôle dans L'Impegiato, de Gianni Puccini dont il est l'un des scénaristes. A partir de là, sa renommée devient de plus en plus importante et les réalisateurs se le disputent. Nino Manfredi est décédé en 2004, avec environ 90 films à son actif, dont de nombreux chefs-d'œuvre de l'âge d'or du cinéma italien. Les cinéphiles algériens, très sensibles à cette filmographie, ont toujours éprouvé une affection particulière pour cet acteur, le trouvant même très «algérien». Les films Pain et chocolat (1974) et Affreux, sales et méchants (1976), par exemple, avaient connu en Algérie des succès impressionnants en salles, dus pour beaucoup au jeu de Manfredi. Dans ces 2es Journées du cinéma italien, organisées du 28 septembre au 2 octobre par l'ambassade d'Italie, l'Institut culturel italien et la Cinémathèque algérienne, les deux films précités viendront illustrer le talent de cet acteur, de même que Jeux d'adultes (1967) et Hold-up à la milanaise (1959). La soirée du 29 sera rehaussée par la présence de la veuve et de la fille de Nino Manfredi. Mais ces journées ouvriront aussi une fenêtre sur le nouveau cinéma italien avec trois films représentatifs d'une nouvelle génération de réalisateurs : I solo dentro, de Paolo Bianchini, Une journée à Rome, de Francesca Comencini et Padroni di casa, de Eduardo Gabbrielini. Tous ces films sont sortis en 2012 et ont connu de belles carrières dans les festivals internationaux et en salles. Ils montrent qu'avec de nouvelles démarches filmiques, la comédie à l'italienne constitue un héritage encore vivant dans la création de ce pays, d'où le lien intéressant avec Nino Manfredi. Ce cycle touchera l'ensemble du réseau de salles de la Cinémathèque algérienne, au grand bonheur des cinéphiles de l'intérieur du pays.