L'Unique a invité dernièrement les téléspectateurs à suivre en soirée un film documentaire sur La Casbah. Nous aurions aimé voir cette ancienne médina sous toutes les coutures avec des vues panoramiques, latérales et en plan. Nous aurions souhaité que le reportage nous mette plein la vue le long des rues labyrinthiques d'une cité qui a toujours quelques secrets à dévoiler avec son patrimoine matériel et immatériel que nous égrenons avec douce souvenance. Nous avons espéré enfin que les images défileront ruelles, venelles et culs-de-sac sans faire l'impasse sur l'amère réalité. Nous avions eu droit à des images sélectives, restreintes, confinées dans un tracé au point d'éculer l'évidence. A croire que le cameraman n'avait le choix que de balayer les rues dites de l'Intendance et de La Casbah, un parcours touristique dont les murs chaulés sont trahis par les lézardes et autres fissures. Trimballant son appareil, il défilait des pans de territoire en aller-retour, comme quoi l'antique cité ne dispose que de ces passages que nos édiles ont ravalés, curés et dépoussiérés pour les curieux visiteurs venus déambuler dans un secteur classé mémoire universelle. Côté jardin, excepté le métier de femme sur lequel la caméra s'est attardée, le corps des artisans disposés, autrefois, en enfilade, n'a plus pignon sur rue. L'objectif n'a pas grand-chose à fixer. A peine s'il débusque un dinandier pris sur le vif de son ouvrage à ciseler ses pièces et un vieil homme s'affairant dans son fournil à torréfier des arachides. Le focus, là aussi, fait l'impasse sur l'expression d'un ébéniste d'art octogénaire, rivé à sa passion depuis plus de soixante années à la rue dite Souikia. Le travelling, finalement, a été promené dans un dédale pour nous montrer le peu d'images destinées à accrocher un tourisme moribond. Il va sans dire que soigner le label d'une cité par le choix des images est un paramètre pour la consommation du tourisme, mais l'on s'interroge jusqu'à quand continuera-t-on à flouer les administrés sur un patrimoine qui s'essouffle ? Un legs qui va à vau-l'eau. Que nous refusons à prendre à bras-le-corps.