Le secteur de la culture devrait tout faire pour restaurer ces lieux de projection, pour relancer cette industrie et cet art. En berne depuis la fin des années 1980, «l'activité cinématographique» à Jijel est réduite, à l'instar de beaucoup d'autres wilayas du pays, à des salles délabrées, et complètement abandonnées. Des jeunes et moins jeunes, censées avoir une culture cinématographique, ne connaissent rien du 7ème art. Certains avouent qu'ils n'ont jamais mis les pieds dans une salle de cinéma. D'autres se désolent de ne rien connaître de la projection de films sur grand écran. «D'abord, il n'y a plus de salles de cinéma ouvertes au public et ensuite, pourquoi y aller du moment qu'on peut voir tous les films qu'on veut sur le petit écran, sur CD ou téléchargés d'Internet», rétorque un jeune à une question sur le sujet. Bousculé par l'évolution des technologies, délaissé par une politique ayant mené à la perte des valeurs culturelles cinématographiques ou tout simplement mis en berne dans le sillage de l'avènement du courant obscurantiste du début des années 1990, le 7ème art a été banni des salles de cinéma. Il est d'ailleurs loin ce temps où voir un film dans l'une des salles de cinéma de la ville de Jijel était sacré. «Il fut un temps», soupire un homme, la cinquantaine, qui semble regretter cette période. Et pour cause, les jeunes, à la sortie du lycée ou du collège, ne rataient pour rien au monde le film du jour. Les affiches alléchantes des grands succès de longs métrages annoncés au programme faisaient rapidement le tour de la ville. «Même si le contexte a beaucoup changé, le cinéma a toujours sa place, il ne perd pas de sa valeur, ailleurs dans les autres pays du monde, il a son succès et son public», font remarquer des nostalgiques des salles obscures. Au début de leur mise en veille, des salles ont été louées à des privés. Sans vergogne, ces derniers les utilisaient pour la diffusion de films attentatoires aux mœurs. Quelque temps après, c'est le grand déclin. Les lois, dont on ne cesse d'évoquer la préparation pour la reprise des salles de cinéma par le secteur de la culture, sont toujours espérées. En attendant la promulgation de ces nouveaux textes, force est de noter que toutes les salles à Jijel, El Milia et Taher ont perdu leur vocation. Fermées ou abandonnées à l'usure du temps, elles sont tombées dans un état de délabrement avancé. L'activité cinématographique ne concerne plus que de rares projections à la maison de la culture de Jijel à l'occasion de la célébration de certains événements.