Israël ne compte pas observer un cessez-le-feu dans l'immédiat. Le Premier ministre, Ehud Olmert, a indiqué hier que l'offensive militaire israélienne contre le Liban se poursuivrait encore pour longtemps. « Le processus diplomatique n'empêchera pas la poursuite des efforts pour détruire les infrastructures terroristes et tout le processus va prendre très longtemps », a-t-il déclaré. Ehud Olmert se dit « prêt » à négocier un règlement à la crise avec son homologue libanais « le jour venu ». Mais, pour le moment, il refuse de cesser le feu comme il pose ses conditions à un déploiement d'une force internationale au Liban. En effet, le gouvernement Olmert exige que cette force d'interposition dispose des pouvoirs réels et ne se contente pas de rédiger des rapports. Israël écarte, par ailleurs, toute attaque militaire contre la Syrie. Dans le même sillage, la ministre israélienne des Affaires étrangères a nié l'existence de contradictions entre le langage militaire hébreu et son discours politique. Sur le champ de bataille, des militaires israéliens ont réussi à prendre position dans le village libanais frontalier de Maroun Al Ras au bout de quatre jours de combats. Le Hezbollah a affirmé cette information tout en indiquant avoir perdu trois de ses combattants dans ces affrontements. Il estime néanmoins que l'occupation de Maroun Al Ras est loin de constituer « une grande réalisation militaire » pour l'armée israélienne à laquelle il promet des jours d'enfer. S'engageant dans une véritable guerre psychologique, le Hezbollah a considéré que l'armée israélienne a déjà perdu la bataille. « Une armée qui engage ses meilleurs commandos avec une couverture de son aviation et de son artillerie et qui arrive à pénétrer dans un village frontalier qu'après plusieurs jours de combats et des pertes importantes face à une poignée de résistants, est une armée vaincue », est-il mentionné dans un communiqué rendu public hier. Après avoir pris le contrôle de ce village, situé au sommet d'une montagne qui domine les régions de Nabatiyé et Bint Jbeil, à l'est, et la région côtière de Tyr, Israël a vite envoyé sur place des unités d'élite. Hier encore, des échanges sporadiques de coups de feu se déroulaient aux abords du village. Hormis ce village, le reste de la bande frontalière d'environ 20 km demeure sous le contrôle des combattants du Hezbollah qui ont pu repousser plusieurs tentatives d'incursion des forces israéliennes, détruisant ainsi deux chars et blessant trois soldats. Outre les affrontements terrestres, les bombardements se sont poursuivis hier encore, occasionnant d'autres dégâts humains et matériels. Ainsi, après la mort du directeur de la station de transmission de la chaîne privée libanaise LBC samedi, une photographe de presse libanaise, âgée de 23, a été tuée dans un bombardement au sud de Beyrouth qui a visé sa voiture. Au moins onze autres personnes ont été tuées et 56 autres blessées dans de nouveaux bombardements aériens israéliens. L'aviation israélienne a concentré ses attaques aériennes sur le sud du Liban en opérant dans la journée d'hier une quarantaine de raids ayant ôté la vie à sept civils et blessé 48 autres dans la région de Sour. Un convoi de « déplacés » escorté par la Croix-Rouge libanaise sur la route de Tiri Sour a été touché de plein fouet par un missile air-sol. Bilan : 3 civils morts et 15 autres gravement blessés. Il faut dire que depuis le début de son offensive militaire, l'aviation israélienne n'a cessé de prendre pour cible aussi des véhicules transportant des réfugiés fuyant le sud du Liban. Plusieurs autres civils ont péri dans les régions de Chihine, Maïss Al Jabal, Qlaylé, Baalbek, Saïda. Au moins 370 Libanais dont 356 civils ont péri depuis le début des bombardements israéliens contre le Liban le 12 juillet dernier. L'aviation israélienne a opéré près de 4000 raids aériens ayant pour cible 2000 points. De l'autre côté, les milices du Hezbollah ont répliqué à travers 2100 roquettes lancées sur trois villes israéliennes les plus proches de la frontière. Déterminés à poursuivre sa résistance jusqu'au bout et à ne pas déposer les armes, le Hezbollah s'est déclaré hier avoir accepté que l'Etat libanais négocie un échange de prisonniers comme préalable à un cessez-le-feu. Une proposition défendue par la diplomatie française et rejetée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Le gouvernement Olmert a bien entendu rejeté cette « offre » pour la libération de ses deux soldats capturés par le Hezbollah quelques jours avant l'ouverture des hostilités.