Depuis avant-hier, les travailleurs d'ArcelorMittal Algérie (AMA) affectés à l'atelier de laminage rond à béton (LRB) et au port, les deux seules zones en activité, sont en grève, avons-nous constaté sur place. Les premiers réclament le départ immédiat de leur directeur et les seconds exigent l'augmentation des salaires, apprend-on des concernés. La direction générale d'AMA n'a pas tardé à sévir contre les sidérurgistes de l'atelier LRB. En effet, elle a saisi, hier, en référé le tribunal d'El Hadjar. Selon des sources judiciaires, le président de la section civile a prononcé, hier après-midi, une ordonnance appelant les grévistes à regagner leur poste, libérer les lieux et cesser toute entrave au travail en attendant le jugement de l'affaire dans le fond. Les mis en cause ont été immédiatement notifiés par huissier de justice. Au port de Annaba, quatre manutentionnaires de la même entreprise ont été suspendus pour avoir entraîné tous les travailleurs à abandonner le déchargement d'un navire de produits sidérurgiques. Trois autres, exerçant dans l'atelier LRB, ont subi le même sort. «Devant cette situation illégale, la société a pris les mesures nécessaires et entend appliquer la réglementation dans toute sa rigueur. Nous ne pouvons pas permettre ce genre de comportement devant les défis qui nous attendent. La société a respecté tous ses engagements contenus dans le pacte de stabilité sociale pour l'investissement et défendra ses intérêts dans un cadre légal», a estimé la direction générale. Condamnations Ces deux grèves interviennent, faut-il le souligner, dans un contexte très difficile, sachant que l'entreprise traverse une crise financière aigue. Pis encore, la source principale d'approvisionnement en acier, le haut fourneau n°2, est à l'arrêt depuis plus de trois mois, ce qui a poussé l'entreprise à recourir à l'importation. Liée avec Sonatrach TRC (transport par canalisation) par contrat pour la fourniture de 420 kilomètres de tubes en acier sans soudure de diamètre 10', sa filiale ArcelorMittal pipes & tubes Algeria risque de ne pas être au rendez-vous. Cette commande est destinée à un projet gouvernemental de grande envergure : l'alimentation en gaz naturel des villes d'Illizi et Djanet via gazoduc. Ce qui amené le syndicat d'entreprise à se désolidariser de cette grève, qu'il qualifie d'«hostile» à l'égard des intérêts de l'entreprise. Une position similaire est adoptée par le comité de participation du même partenaire social. Même son de cloches au niveau de la direction générale d'AMA, qui indique : «Le groupe Sider et la société ArcelorMittal Algérie désapprouvent et condamnent avec fermeté ces actions qui se déclarent en marge du processus de concertation et de règlement des différends.» L'Etat algérien s'est repositionné, en 2013, dans le capital du complexe sidérurgique d'El Hadjar en devenant majoritaire avec 51% des actifs (soit 46% au groupe Sider et 5% au Fonds national d'investissement) contre 49% au groupe ArcelorMittal. Selon le plan de développement 2014/2017 du complexe, l'usine d'El Hadjar sera en pleine capacité de production à l'horizon 2017 avec 2,2 millions de tonnes d'acier. Les problèmes sociaux qui affectent intempestivement le complexe d'El Hadjar, sous l'impulsion des importateurs de rond à béton et autres syndicalistes sans envergure, risquent de bloquer longtemps l'usine d'El Hadjar, au grand dam de ses travailleurs.