50 ouvriers nettoyeurs pour 400.000 habitants ! Bien que le plan de lutte contre les inondations ait été déclenché depuis le 15 aout dernier, la ville de Annaba a été submergée, aux premières averses, par les eaux pluviales. En effet, depuis la veille et durant deux jours de l'aïd, la majorité des cités et quartiers, notamment le centre-ville de Annaba, a été touchée par des inondations. Le désagrément est aussi important que la colère des citoyens concernés. D'autant plus que ce «désappointement» a coïncidé avec la fête de l'Aïd El Adha. La réaction des habitants ne s'est pas fait attendre. Plusieurs centaines d'adultes, jeunes et moins jeunes ont troqué la joie de la fête de l'Aïd contre la colère et sont sortis dans la rue exprimer leur courroux. A Annaba, comme d'habitude se sont les principaux quartiers du centre-ville, dont la cité Rizzi Amor, la Rue CNRA, Cité Al Abtal, Plaine Ouest… qui ont été inondés, bloquant totalement la circulation. «La faute n'incombe pas totalement à la commune. Depuis le 15 aout dernier, en plein saison estivale, nous avons entamé le curage des avaloirs. Depuis, ils sont plus de 250 à être curés. A la veille de l'Aid El Adha, les déchets issus de la vente sauvage des bottes de foin un peu partout à travers toute la ville ont sapé tout notre effort. A la tombée des pluies ils ont obstrué les avaloirs d'où les inondations.» estime Merabet Farid, P/APC de Annaba. A cela, il faut ajouter, selon la même source, le manque du personnel assurant cette dure mission. «Nous disposons seulement de 50 ouvriers chargés de la voirie pour une ville de 51 km² de superficie abritant une population de 400.000 âmes. Un déficit criard que nous comptons combler par le recrutement de 200 nouveaux ouvriers. Nous avons eu l'accord de la wilaya et allons entamer l'opération immédiatement, sachant que nous disposons d'une enveloppe de 20 millions de centimes pour la circonstance». Mais pourquoi la corniche de Rizzi Amor a été également et toujours sujette à des inondations, sachant que la vente du foin ne s'effectue pas nécessairement à ce niveau ? A cette question l'élu répond en justifiant que «le problème de cette zone réside dans le non lancement depuis 20 ans de la viabilisation (VRD) au niveau de la cité La Caroube. Ce qui cumule la furie des eaux pluviales qui se dirigent vers la corniche générant des inondations». L'autre problème et pas des moindres, celui de l'aménagent des quartiers à risques. L'effort de la commune ne sera pas suffisant si la direction de l'urbanisme n'accélère pas sa cadence dans les travaux d'amélioration urbaine telle que l'installation des trottoirs. Ce qui évite l'accumulation de la terre et par conséquent son charriage vers les avaloirs. Selon une étude élaborée en 2010 par le Laboratoire Ressources Naturelles et Aménagement de l'Université d'Annaba, les inondations dans la ville d'Annaba, de plus en plus fréquentes ces dernières années, sont liées à des causes multiples. Sur les plans hydrométéorologiques, géomorphologiques et hydrauliques: il s'agit respectivement d'averses intenses et pluies torrentielles fréquentes qui consolident la vulnérabilité de la ville aux inondations. Cela est aggravé par des chenaux obstrués par toute forme d'embâcles, réseau d'assainissement des eaux pluviales de la ville en grande partie défaillant (avaloirs et grilles colmatés, emplacement non conforme par endroit aux normes). La capacité de pompage n'est pas en reste puisque elle n'est pas à la hauteur des débits à évacuer. A quoi s'ajoute le comportement incivique des citoyens qui transforment des regards, des avaloirs et des chenaux en déchetterie.