L'Organisation mondiale de la santé (OMS) reconnaît que l'état de santé des femmes et des hommes présente des différences. Plus encore, la dynamique de “la sexospécificité” dans le domaine sanitaire, qui a longtemps été négligée, revêt à ses yeux “une importance profonde”. Partant de ce constat, l'Institut national de la santé publique (INSP) a célébré, hier, le 100e anniversaire de la Journée internationale de la femme, en organisant une conférence-débat sur le thème “Genre et santé”. Cette année, la priorité est portée sur le rapprochement des points de vue des professionnels de la santé et des chercheurs sur la question de “l'accès aux soins des femmes et la prise en charge de leurs souffrances”. Pour débattre de cette problématique, des médecins, psychologues, psychiatres, démographes et spécialistes, à l'exemple des professeurs Houria Chafaï-Salhi et Fadéla Chitour, ont été sollicités pour apporter un éclairage sur la question. Dans son intervention, Faïka Medjahed, directrice à l'INSP, a indiqué que la rencontre a pour double objectif de “stimuler une démarche scientifique” et d'“encourager la recherche et les études sur ce thème”. Un sujet qui, précisera-t-elle, renvoie à des facteurs, sinon à des blocages, notamment d'ordre culturel, qui influencent “nos perceptions des besoins de l'espèce humaine, en matière de santé”. Pourtant, le monde change et avec lui le monde féminin. Dans ce cadre, Mme Medjahed a observé l'avance prise, par l'Occident, en matière de travaux et recherches relatifs, entre autres, à “la corrélation entre les évènements physiques de la puberté” (liée à l'acquisition des règles chez la fille, ndlr), “l'influence des conditions nutritionnelles dans le contrôle du début de la puberté” et aux questions de “maturité sexuelle” et de l'intellect. La responsable du service Santé femmes de l'INSP a, en outre, plaidé pour le lancement des études, en Algérie, sur les conséquences sociales, psychosexuelles, affectives et intellectuelles, de l'abaissement de l'âge pubertaire. Elle s'est aussi interrogée sur la manière dont se fera l'éducation sexuelle des filles et des garçons, “sans tomber dans les travers”, au sein d'une société qui se caractérise par “une méconnaissance profonde de la nature changeante et de la biologie humaine”. Selon elle, l'autre transition à prendre en charge concerne “les changements physiologiques stupéfiants” de la femme. Sur ce registre, elle s'est demandée si les services de santé nationaux “sont préparés à faire face à ces données génétiques” et à accompagner la femme, durant les années de menstruation (environ 35 ans) et celles de l'après-ménopause (plus de 25 ans). Par ailleurs, Mme Medjahed a abordé la sexualité chez les jeunes femmes célibataires, surtout les effets pervers causés par le caractère tabou entourant cette question. À la fin, l'intervenante a invité les pouvoirs publics à accorder “plus de moyens” aux chercheurs, pour connaître “les besoins en matière d'accompagnement thérapeutique des femmes aux différents cycles de leur vie”.