Contrainte n «Les femmes algériennes font l'objet de discrimination en matière d'accès aux soins. Pour aller voir un médecin, elles doivent être autorisées ou accompagnées par des hommes.» C'est le constat dressé, hier, par Nourreddine Dekkar, le représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), lors de la journée d'étude sur la parité des sexes en matière de santé organisée à l'Institut national de la santé publique (Insp). Pour lui, la société civile et les pouvoirs publics sont appelés à conjuguer leurs efforts afin d'abolir les pensées archaïques qui ont longtemps pris le sexe faible en otage. La privation de la femme de la liberté d'action et de mouvements relatifs à sa santé est qualifiée de «crime» par le représentant de l'OMS qui déplore, en outre, l'inexistence d'études sur le phénomène. «Les institutions sanitaires en Algérie sont devenues des cimetières de données et d'archives et non pas des centres de réflexion», a-t-il noté. Les pénibles conditions sociales que vit la femme algérienne, notamment celles relatives à la malnutrition, constituent la première cause des décès lors de l'accouchement, a souligné, pour sa part, Faïka Medjahed, directrice du service de santé des femmes au niveau de l'Insp, ajoutant que cette nouvelle forme de violence, enracinée dans des discours sexospécifiques concernant la masculinité et la féminité, engendre plus de morts et d'infirmités parmi les femmes âgées de 15 à 44 ans que le cancer, le paludisme et les accidents de la circulation, sans donner d'autres précisions chiffrées. Le phénomène est une réalité, même en l'absence de données exactes et d'études spécialisées dans ce domaine, a-t-elle affirmé. Les participants ont débattu les raisons de la négligence, par la femme algérienne, particulièrement la femme mariée, de sa santé physique et morale. Le taux de mortalité annuel des femmes est de 99 pour 1000 naissances, en dépit de la disponibilité d'obstétriciens à travers les hôpitaux et les secteurs sanitaires du pays, a indiqué le représentant de la direction de la population au niveau du ministère de la Santé, Faouzi Amokrane, qui a, également, présenté une étude sur les accouchements en milieu assisté.