Déterminée à réduire le Liban en cendres, Israël ne s'embarrasse d'aucun scrupule face à des populations précipitées sur les routes de l'exode. Même les enfants ne sont pas épargnés, ce qui témoigne de l'acharnement meurtrier d'Israël. Les bombardiers israéliens ont été plus loin encore, ils ont tiré sur des ambulances, ces trois derniers jours, faisant des morts et des blessés parmi le personnel soignant. Des actes qui contreviennent gravement aux conventions internationales et qui relèvent clairement du crime contre l'humanité. Puissamment dénoncées par les organisations d'aide, dont la Croix-Rouge internationale, ces frappes s'inscrivent dans la stratégie israélienne de briser le moral des populations libanaises en les privant de toute marge de manœuvre. Une attitude qui contraste singulièrement avec l'empressement avec lequel Israël a « accepté » l'évacuation des ressortissants étrangers et notamment les Américains et les Britanniques. Singulière concession de la part d'un pays qui ne s'embarrasse pas du viol systématique de l'espace aérien du Liban, mais qui affecte de faciliter les choses, de façon sélective, à ses alliés. Il est clair que les cibles privilégiées de l'agression israélienne sont les Libanais. Mais en dépit de l'ampleur des destructions, l'objectif que s'est tracé Israël de briser psychologiquement le Liban n'est pas atteint. La disproportion des moyens de guerre engagés n'a pas tourné à l'avantage du plus fort et la meilleure preuve en est l'inscription de l'agression dans la durée. La campagne de bombardements intensifs n'a ainsi pas réduit, comme l'escomptait Israël, le Hezbollah à néant. Bien au contraire le mouvement chiite semble bénéficier d'un effet d'union sacrée, qui a incité les dirigeants libanais, et à leur tête le président Emile Lahoud, à faire rang autour de lui. La stratégie israélienne d'isolement du Hezbollah n'a pas été opérante dans la mesure où le mouvement de Nasrallah est assimilé par de larges franges de la population libanaise à la seule force en mesure de faire face à Israël, dont il a contribué à précipiter le retrait du Sud-Liban. Les maigres résultats de sa campagne militaire exposent Israël à une guerre d'usure dont le timing est imprévisible. Car le préalable de voir le Hezbollah rendre les armes n'est pas à l'ordre du jour. Bien au contraire, le Hezbollah pourrait tirer avantage de l'incapacité d'Israël à l'éliminer de la carte militaro-politique de la région. C'est ce qui pourrait amener les USA, contraints et forcés, à entrer en lice. L'action diplomatique de la secrétaire d'Etat, Condoleeza Rice, montre implicitement l'échec du recours à la force et l'alternative qui se présente désormais du dialogue et vraisemblablement d'un cessez-le-feu. Israël n'a pas tiré de dividendes de sa campagne guerrière contre le Liban et plus son agression fait de victimes, plus elle soude l'unité des Libanais et engendre un large mouvement de réprobation internationale. Les images d'ambulances éventrées par des impacts de missiles ne plaident pas en sa faveur. L'évidence qui s'impose est qu'Israël n'a pas gagné la guerre qu'elle voulait foudroyante et rapide. Le résultat probant de son agression est d'avoir plongé le Liban dans le chaos. Il aura fallu deux semaines de bombardements pour que les acteurs d'influence, à commencer parler USA, reconnaissent qu'il y avait une place pour le dialogue, revirement bien tardif au vu de la dramatique ampleur des dégâts. Ne fallait-il pas commencer par là plutôt que de laisser Israël transformer le Liban en champ de ruines ?