L 'agression israélienne a jeté les populations libanaises sur les routes de l'exode. Ils sont des centaines de milliers à avoir quitté leurs villes, villages, quartiers et maisons sous la pression d'une implacable campagne de bombardements. A son tour, c'est la capitale du pays, Beyrouth, qui est sous la menace d'une destruction totale, ses habitants étant sommés par la propagande israélienne de fuir la ville avant le déclenchement des frappes aériennes. Israël affirme ainsi son intention de détruire le Liban et de précipiter sa population dans une crise humanitaire sans précédent. Tout manque, aujourd'hui, au Liban dont les infrastructures routières ont été pratiquement démolies dans leur totalité. D'où l'impossibilité pour les Libanais de se déplacer, mais aussi de recevoir les rations alimentaires de base pour survivre. Il en va de même pour les médicaments qui ne peuvent plus être acheminés vers des hôpitaux qui constituent désormais des cibles pour les bombardements. Les Israéliens avaient auparavant commencé par tirer sur des ambulances. Ils l'ont fait sans s'encombrer du moindre scrupule et au plus grand mépris des règles et conventions internationales qui garantissent une quasi immunité aux personnels soignants, même en temps de guerre. Le blocus du Liban décidé par Israël s'applique avec la plus extrême dureté aux organisations internationales présentes sur le terrain pour donner soins et réconfort aux victimes de frappes aériennes qui sont les plus souvent des enfants, des femmes ou des vieillards. Le Liban, après plus de trois semaines de bombardements, est exsangue. Sa population, privée du strict minimum, est exposée à la famine. Les Libanais, jetés sur les routes, n'ont plus d'eau, de lait, de pain. Ils ne peuvent pas recevoir d'aide urgente, car Israël pilonne sans répit les convois humanitaires, ce qui fragilise des populations livrées à elles-mêmes. Les villes libanaises, le Liban tout entier, subissent un embargo sur le carburant, ce qui signifie qu'à court terme le pays va être totalement paralysé et démuni de toute capacité énergétique. Il n'y aura plus d'électricité pour alimenter les hôpitaux, s'il subsiste encore des hôpitaux. Cela crée un danger majeur de pandémie au Liban dont le tissu industriel et infrastructurel est presque entièrement détruit, mais aussi son écosystème. De ce désastre programmé, il n'est pas sûr que le Liban sortira indemne sans la médiation urgente des opinions publiques dans le monde. Ce n'est pas le Liban qui est atteint par une agression aussi barbare mais l'humanité toute entière. Aucun être humain ne peut détourner les yeux du spectacle effroyable d'un peuple libre relégué au rang de réfugié dans son propre pays. C'est vraiment la conscience du monde qui est interpellée. Les Etats, par la force des équilibres géostratégiques, sacrifient aux arcanes de la voie diplomatique pour sauver ce qui peut l'être encore : les apparences d'une cohésion internationale. Lorsque des femmes, des vieillards, des enfants meurent chaque jour sur les routes défoncées du Liban, lorsque au mieux ils sont parqués dans des camps de réfugiés improvisés, sans soins, sans nourriture, sans eau pour se laver et se désaltérer, cela pose un problème à la conscience humaine. En ouvrant les hostilités contre le Liban, l'état-major israélien avait annoncé que ce pays allait faire un recul de vingt ans dans l'histoire. Il s'agit en fait d'un retour à la barbarie, à ces temps pas si immémoriaux où un peuple voulait en asservir d'autres, ou les éliminer au nom d'un principe de supériorité. Cela a donné lieu à des annexions, des populations jetées sur les routes de l'exode, à une guerre totale qui n'est pas sans lien avec ce à quoi est exposé le Liban tragiquement confronté à une guerre d'extermination. Et cela ne peut pas rappeler à la communauté internationale que de bons souvenirs.