L'intersyndicale des praticiens de la santé publique, qui compte dans ses rangs le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) et le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), met en garde contre « une grave crise » dans le système de la santé publique pour les prochaines années si rien n'est fait pour améliorer la situation. Lors d'une conférence de presse tenue, hier, par les représentants des deux syndicats précités au siège du SNPSSP, à Hussein Dey (Alger), ces derniers ont estimé que la « désertion » des spécialistes expérimentés vers le secteur privé posera un problème de qualité et de quantité du personnel dans un secteur qui enregistre déjà un manque de près de 5000 spécialistes. « La majorité des hôpitaux est prise en charge par des jeunes praticiens mal formés », a soutenu le docteur Yousfi, président du SNPSSP, qui dénonce « le statu quo » entre la tutelle et les partenaires sociaux. « Le constat qui est fait d'une manière officielle est que le dialogue est en stand-by. Depuis la prise de contact avec le ministre, en septembre 2005, il n'y a eu plus rien après », selon le docteur Yousfi. Déplorant l'« absence de dialogue et de concertation » entre les représentants des syndicats autonomes et le ministère de la Santé, l'intersyndicale a insisté sur sa participation à la prise de décisions dans la réforme du secteur. « C'est anormal qu'on ne soit pas associé quand il s'agit de régler des problèmes de la santé publique alors que dans d'autres secteurs, les ministres agissent en faisant participer leurs partenaires sociaux », regrette le docteur Yousfi. Face à ce « mutisme » de la tutelle, le docteur Bensebaïni, président du SNPSP, qui parle d'« un bouillonnement au niveau de la base », a brandi la menace de recourir à la grève, car estimant qu'en l'état actuel des choses, « celle-ci (la grève) reste le seul moyen pour les praticiens pour faire entendre leur voix ». Une option appuyée par le docteur Yousfi, qui déclare que « lorsque les moyens de dialogue sont épuisés, nous aurons recours aux autres moyens légaux », en annonçant que le conseil de l'instance nationale de l'intersyndicale se réunira au début du mois de septembre pour décider de la démarche à suivre. Les deux représentants de l'intersyndicale des praticiens de la santé publique ont, par ailleurs, dénoncé l'« inapplication » des accords signés avec la tutelle et qui se rapportent à trois grands axes. « Concernant les indemnités, 17 projets de décrets ont été finalisés, mais tout a été mis au fond des tiroirs », regrette le docteur Bensebaïni. « Tous les points sont restés lettre morte », selon le docteur Yousfi, qui précise que seul le point relatif à l'organisation du concours pour les praticiens est en voie de concrétisation. L'autre point qui reste sans application au niveau surtout d'Alger est le statut des établissements publics. Le docteur Yousfi, qui a estimé que « ce statut est bafoué par le ministre », se demande pourquoi il est bloqué pour Alger. Pour ce qui est du problème de la carrière, celui-ci ne peut trouver sa solution que dans le statut particulier, selon les membres de cette intersyndicale. Là aussi, les deux représentants dénoncent leur non-association dans la conception de ce statut. « On n'acceptera pas un statut fait dans les coulisses, comme c'est le cas du statut de la Fonction publique et les augmentations salariales », avertit le docteur Bensbaïni. L'intersyndicale prend acte par ailleurs des décisions relatives à l'augmentation des salaires de la Fonction publique, mais souligne que celles-ci restent insuffisantes et ne représentent qu'un rattrapage salarial et ne répondent pas aux accords signés entre les deux syndicats et les pouvoirs publics depuis 2004. Le docteur Yousfi fait état de « discrimination » entre les universitaires de la santé publique et les autres secteurs. L'intersyndicale des praticiens de la santé publique a dénoncé énergiquement l'agression dont sont victimes les Palestiniens et les Libanais et affiche son entière disponibilité à aider les deux peuples.