L'armée israélienne a tué, mardi soir, quatre observateurs de l'ONU (un Autrichien, un Canadien, un Finlandais et un Chinois) dans un raid aérien qui a détruit leur position à Khiam, dans le sud du Liban. Devant ce qui s'apparente à une volonté d'écarter, du champ des opérations, tout témoin gênant pour engager un massacre à huis clos de la population libanaise, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, s'est déclaré « choqué » par le bombardement israélien « visant apparemment délibérément » la position des Casques bleus. Déjà malmenées en raison des politiques controversées de l'Etat hebreu dans les territoires palestiniens et de la sauvagerie de la guerre menée contre le Liban, les relations entre les Nations unies et Israël se sont davantage détériorées après ce tragique événement. Malgré tout, l'ONU se montre toujours incapable d'obtenir un arrêt des combats en raison du verrouillage par les Etats-Unis de son Conseil de sécurité. Cela n'a pas empêché toutefois les pays de prendre davantage conscience de la réalité de la guerre menée contre le Liban et des plans de Tel-Aviv. Des plans qu'Israël est prêt à exécuter même s'il doit passer sur les corps de la FINUL. Dans un entretien à paraître aujourd'hui dans le quotidien Le Monde, le président français, Jacques Chirac, a souligné qu'« en frappant la Force intérimaire des Nations unies pour le Liban (FINUL) (…) c'est la force de paix de la communauté internationale qui est atteinte ». Pour le président Chirac, « on ne peut que condamner cette action qui démontre plus que jamais l'urgence de l'arrêt des combats ». La lecture du drame faite par Kofi Annan est par ailleurs partagée, entre autres, par les chefs de la diplomatie d'Asie du Sud-Est qui se disent « profondément choqués et affligés par le raid ». L'Union européenne également se dit choquée et a demandé à Israël d'ouvrir une enquête sans délai. La Chine fait condamner Israël Bien entendu, les autorités israéliennes, habituées à bénéficier des largesses et du silence complice des institutions internationales, n'ont pas apprécié la réaction de Kofi Annan. D'autant que celle-ci peut amener l'opinion internationale à basculer dans le camp des Libanais. Et c'est ce qui est finalement arrivé puisque de nombreux pays ont fermement condamné cette attaque. Et ça ne serait pas un hasard si Tel-Aviv décide durant les prochaines heures d'accentuer la pression sur le SG de l'ONU afin de l'amener à retirer ses propos. L'ambassadeur israélien aux Nations unies, Dan Gillerman, s'est ainsi déclaré « choqué » par les déclarations de M. Annan. « J'ai été choqué et profondément affligé par la déclaration hâtive du secrétaire général insinuant qu'Israël a délibérément visé un poste de l'ONU à Khiam et je suis surpris de ces affirmations prématurées et erronées », a-t-il indiqué à la BBC. Dans un communiqué publié hier, le ministère israélien des Affaires étrangères a fini tout de même par exprimer ses « profonds regrets » pour la mort des observateurs de l'ONU. Mis pour la première fois dos au mur, le Conseil de sécurité a décidé hier de tenir des consultations sur le Liban. Ces discussions devaient se tenir en fin de matinée, après une séance de consultations initialement prévue sur la Côte d'Ivoire. Selon une source diplomatique, la Chine avait l'intention de proposer que le Conseil adopte une déclaration présidentielle condamnant cette attaque. Proposition qui sera d'ailleurs acceptée. A rappeler que le ministère des Affaires étrangères chinois a « fermement condamné », hier, le raid israélien qui a visé un poste d'observation de l'ONU au sud du Liban, provoquant la mort de quatre de ses occupants, dont un ressortissant chinois. Le ministre adjoint chinois des Affaires étrangères, Zhai Juan, a en outre convoqué en « réunion d'urgence » l'ambassadeur d'Israël en Chine, Yehoyada Haim, pour lui faire part « solennellement » de la position chinoise, lui demandant « que la partie israélienne ouvre une enquête approfondie, présente des excuses à la partie chinoise et à la famille de la victime ». Pékin a également demandé « à toutes les parties en conflit, spécialement à Israël, de prendre toutes les mesures pour assurer la sécurité des gardiens de la paix de l'ONU ». « Nous appelons toutes les parties à un cessez-le-feu immédiat et à reprendre le chemin des négociations. La Chine va s'efforcer avec la communauté internationale de promouvoir la restauration de la paix et de la stabilité au Proche-Orient », a ajouté le gouvernement chinois.