Beaucoup de problèmes et des lacunes dans le système LMD et dans son application en Algérie ont été soulevés, lundi, durant le colloque international sur «l'évaluation dans le système LMD : regard croisé sur les deux rives de la Méditerrané». Ce colloque a été organisé par l'université Constantine 1, du 27 au 29 octobre, dans le but de mettre en exergue le fonctionnement de ce nouveau système et son influence sur l'apprentissage au sein de l'Université algérienne. Selon le Dr Ahmed Derdiche, enseignant au niveau de la faculté des sciences humaines et sociales de l'université de Blida 2, le premier problème parmi d'autres qui ont entravé la bonne application du LMD est la méthode d'enseignement au sein de l'Université. Les enseignants ont tendance à développer les cours de la même manière que celle de l'ancien système, et confondent entre les stratégies et les procédés des deux systèmes, classique et LMD. «L'on a remarqué que durant les séances, l'enseignant donne aux étudiants le même cours que celui de l'ancien système. Cela est survenu suite au manque de préparation du terrain universitaire pour l'adoption de ce nouveau système», a affirmé le Dr Rachid Chikhi, de la faculté des sciences humaines et sociales de l'université Blida 2. Il a expliqué que ces deux systèmes sont complètement distincts. La première différence se situe et est repérée dans la nature du système et les politiques de l'évaluation pédagogique. Dans le système LMD, l'étudiant doit être suivi durant tout son parcours universitaire. L'enseignant doit prendre en considération le travail personnel, les recherches établies par l'apprenant, sa participation et ses interventions en salle ; tous ces critères vont contribuer au bon développement de l'enseignement universitaire algérien. D'autre part, le Dr Rachid Chikhi estime que cette évaluation continue et est une manière de motiver l'universitaire pour les travaux de recherches, mais aussi pour valoriser son autonomie et devenir une personne capable d'aboutir à son auto-évaluation. Mais, malheureusement, la majorité des enseignants n'ont pas été informés et formés pour l'application de ce système et ils évaluent encore l'étudiant seulement à la fin de chaque semestre, soit le jour du contrôle. Ce genre d'évaluation appartient au système «classique». En plus de l'ignorance du fonctionnement du LMD par l'étudiant et surtout par l'enseignant, il y a l'absence d'un programme pédagogique national des cours universitaires. Après 10 ans de l'application du système LMD, les résultats ne sont pas satisfaisants Chaque professeur développe son cours à sa manière, sans suivre un programme déterminé. Même les étudiants rencontrés sur les lieux ont été unanimes à dire que les cours d'un même module enseigné diffèrent sur le plan de la méthode et du contenu d'un professeur à un autre. Plusieurs failles de ce système ont été abordées par les conférenciers durant ce colloque. Nous notons à titre d'exemple la surcharge des horaires ; ce qui doit être enseigné et étudié en 4 ans est condensé en 3 ans sans être planifié et organisé. Il faut noter également la surcharge des amphis et le manque d'encadrement : dans un seul groupe, on trouve au minimum 50 apprenants. Le LMD a été appliqué depuis 2004 dans le but d'améliorer le niveau d'apprentissage au sein de l'Université algérienne et rendre les diplômes algériens équivalents à ceux de l'Europe. C'est-à-dire que son rôle (le LMD) est de solutionner les problèmes de l'Université algérienne et adapter l'enseignement supérieur en Algérie à celui de l'Occident pour le rendre universel. Malheureusement, ce n'est pas le cas. D'après le Pr Abdeslem Sahraoui, du département de Lettres et de Langue arabe de l'université Constantine 1, ce système a été créé selon des normes européennes convenables à la société occidentale. «Pour assurer la qualité, il faut appliquer un système de qualité. Pour que le LMD ait un écho et une influence positifs sur l'enseignement supérieur, il doit y avoir une étude pédagogique profonde et pointilleuse de la société et du travail universitaire algériens. Tout simplement, la tutelle doit mener des études sur ce problème avec des enseignants et des spécialistes–– algériens», a-t-il précisé.