Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a annoncé, hier, que le soutien de l'Etat au livre continuera. Il a promis d'améliorer les procédures d'exportation du livre algérien. Abdelmalek Sellal semble découvrir le livre numérique. Hier, lors de l'inauguration officielle du 19e Salon international du livre d'Alger (SILA), au Palais des expositions des Pins maritimes à l'est de la capitale, le Premier ministre a interrogé plusieurs éditeurs sur cette nouvelle forme d'édition. Mais il n'a rien annoncé pour encourager le e-book ou la lecture on line en Algérie. Le responsable de Z Media, un éditeur de livre électronique, s'est plaint des difficultés rencontrées pour s'installer en Algérie. «Nous n'avons pas trouvé de l'aide pour promouvoir notre travail. Nous sommes marginalisés. Je veux construire une usine en Algérie et j'attends le soutien du Premier ministre. Je suis actuellement installé à Dubaï et au Liban. Je n'ai pas pu rapatrier mon investissement. Il n'y a aucun encouragement», a-t-il dit. «Tu es à l'étranger et tu veux tout avoir, tedi koulech !» a répliqué Abdelmalek Sellal qui, plus loin, a demandé à un autre éditeur si ses livres étaient produits localement. «Le livre électronique n'a été introduit que ces quatre dernières années en Algérie», lui a-t-il répondu. Au stand des éditions Aït Mouloud, spécialisées dans le parascolaire, Sellal a voulu savoir si les manuels se vendaient bien. «On s'améliore», a répondu le responsable du stand. Au niveau de l'espace du Petit Lecteur, le Premier ministre a appris, presque surpris, que cette association oranaise existait depuis 1993 et qu'elle faisait un travail continu de proximité pour encourager la lecture. «Vous avez combien d'inscrits ?» a-t-il demandé. «Nous avons 3000 inscrits actuellement. Des enfants qui avaient commencé avec nous sont aujourd'hui des jeunes hommes et des jeunes femmes toujours membres de l'association. Nous éditons également des livres. Nous travaillons pour la multiplication des bibliothèques et des espaces de lecture au niveau des écoles», a précisé la représentante du Petit Lecteur qui a prévu un espace d'animation pour les enfants. «Il faut penser au numérique !» a lancé Sellal. «Nous avons déjà une bibliothèque numérique», a répondu l'interlocutrice du Premier ministre. Au stand Le livre magique, une entreprise créée dans le cadre de l'Ansej, une responsable a expliqué à l'illustre visiteur que les livres, destinés aux enfants sont particuliers. Blocages à l'exportation du livre «Moi et ma sœur, nous écrivons et illustrons nous-mêmes ces livres», a-t-elle dit. «Oui, mais il faut fabriquer des livres bilingues», a observé Sellal. «Nos livres sont déjà édités en deux langues», a répondu la dame du Livre magique. Sellal a plaidé pour l'encouragement de la fabrication du matériel pédagogique pour les non-voyants chez un éditeur spécialisé en ouvrages en Braille. «On va vous aider», a-t-il promis. Au stand du journal Echâab, Sellal a souhaité que ce quotidien gouvernemental consacre plus de pages à la culture et à la jeunesse. «J'ai dit que nous avions déjà des pages et des suppléments consacrés à la culture et à la jeunesse», a indiqué Amina Debache, directrice générale d'Echaâb. Sellal a appelé les représentants du ministère des Affaires religieuses à mettre leurs ouvrages à «la disposition» des Algériens de l'étranger. «Il faut envoyer vos ouvrages à la Mosquée de Paris. Il faut également se rapprocher des Algériens quel que soit l'endroit où ils sont. Il faut passer à une nouvelle étape. Aujourd'hui, vous êtes un exemple du progrès», a déclaré le Premier ministre à propos du département de Mohamed Aïssa. Au niveau des éditions Quipos, le Premier ministre s'est intéressé à un coffret de quatre romans de Tahar Djaout (L'invention du désert, Les chercheurs d'os, Le dernier été de la raison et Les vigiles) dont les droits ont été rachetés dernièrement aux éditions du Seuil à Paris. «Il a fallu négocier dur pour avoir les droits. Ces romans sont publiés pour la première fois en Algérie par une édition algérienne», nous a confié Asia Baz, responsable de Quipos. Le Premier ministre a évoqué l'exportation des livres algériens. «Je lui ai expliqué qu'il existe beaucoup de blocages administratifs et financiers pour pouvoir exporter un livre. Le délai de 60 jours pour exporter et rapatrier l'argent est contraignant. Il faut qu'on nous laisse du temps pour placer nos livres à l'étranger», a appuyé Asia Baz. «Nous avons posé le problème de ce délai de 60 jours pour exporter le livre à Monsieur le Premier ministre. Il a nous a promis d'étudier le dossier avec le ministère du Commerce», a précisé Hamidou Messaoudi, commissaire du SILA. Selon lui, Sellal a demandé la réduction les prix des livres exposés au salon. «Surtout pour les manuels scientifiques et universitaires. Nous avons, cette année, beaucoup de maisons d'édition versées dans la littérature de jeunesse», a précisé Hamidou Messaoudi qui a accompagné Sellal dans sa «tournée» aux côtés de Nadia Labidi, ministre de la Culture. Beaucoup de ministres étaient également présents. Tayeb Louh, ministre de la Justice, était presque le seul à avoir acheté des livres. Les ministres algériens sont-ils de grands lecteurs ? Les paris sont ouverts. Que lisent les ministres algériens ? Le Premier ministre a annoncé que l'Etat ne va pas s'arrêter de soutenir le livres et les éditeurs. Rencontrant Azzedine Guerfi, directeur des éditions Chiba, Sellal a appelé tous les éditeurs algériens à participer à la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015». Le Premier ministre a souhaité qu'un intérêt plus grand soit accordé aux ouvrages techniques et scientifiques. Sellal a marqué un arrêt au niveau des stands des Etats-Unis, pays invité d'honneur du 19e SILA, de l'Arabie Saoudite ainsi qu'au niveau de ceux des ambassades du Pérou, du Venezuela, d'Espagne. «Vous êtes Andalous ?» a demandé Sellal à un représentant espagnol. «Je suis de Grenade», lui a-t-il répondu. «Vous êtes chez vous ici. C'est la même chose», a repris Sellal. «Bravo Venezuela !» a lancé le Premier ministre au niveau du stand du pays de Chavez lorsqu'il a appris que les livres écrits en espagnol étaient traduits vers l'arabe. Sellal, qui a été couvert de cadeaux durant sa petite tournée, a reçu le dernier roman de Patrick Modiano, prix Nobel de littérature 2014, au niveau du stand de Gallimard. «J'espère que vous connaissez Modiano. Si vous ne le connaissez pas, vous allez le découvrir, un être exceptionnel, très proche du peuple, de la France profonde surtout», a déclaré la représentante des éditions françaises. «J'en ai entendu parler», a répondu Sellal. Le Premier ministre, dont les goûts littéraires ne sont pas connus, aura probablement du plaisir à lire Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, roman de Patrick Modiano, sorti début octobre 2014. Sait-on jamais, un bon roman peut être source d'inspiration, donner des idées…