- Où en est le plan d'action en faveur de la phœniciculture que vous avez rendu public il y a quelques mois ? D'abord, je tiens à rappeler que la CCI des Ziban joue son rôle d'accompagnateur et de catalyseur économique en s'intéressant au secteur de la datte et que la série d'actions initiée trouve sa source dans un constat désolant révélé par des enquêtes et des recherches menées par une commission interne. De graves dysfonctionnements minent le secteur. Le marché des dattes pâtit d'une flagrante désorganisation servant les spéculateurs, les dattes sont bradées à des clients des frontières de l'Est. On a vu des semi-remorques remplis de dattes en vrac quitter de nuit les communes phœnicicoles. Nous devons relever les défis de l'heure et faire de la datte de Biskra, mais aussi des autres wilayas du sud, un moteur de développement au service du plus grand nombre et pas seulement d'une caste. - Comment expliquez-vous les réticences à votre stratégie exprimées par certains intervenants et acteurs du secteur, vous accusant de déstabiliser le marché par des «déclarations inconséquentes» ? Ma seule réponse est le travail et les résultats mais il est vrai que certains se croient en terrain conquis. Pour eux, la datte constitue une chasse gardée. C'est ce monopole qu'il faut briser. Lors de la préparation de notre plan d'action, nous avons invité tous les partenaires et les acteurs du secteur à apporter leur pierre à l'édifice afin d'œuvrer de concert pour organiser et moderniser le secteur des dattes. Beaucoup ont répondu présents à notre invitation. D'autres n'ont pas daigné y donner suite. Mais le travail s'est poursuivi. Le 3e Salon de la datte et du tourisme de Tolga a été un franc succès. Nous avons organisé des sessions de formation pour les jeunes exportateurs de dattes. - Après votre réélection à la tête de la CCI, allez-vous poursuivre votre travail sur la même lancée ? Notre action va essentiellement porter sur le soutien technique et administratif aux jeunes entrepreneurs, Il est nécessaire de promouvoir les dispositifs, les aides, les abattements fiscaux et les subventions que l'Etat propose aux acteurs de la datte. Comme nous l'avons fait pour les ambassadeurs et représentants consulaires d'Indonésie, de l'Irak, de la Jordanie et du Royaume-Uni, nous allons inviter les ambassadeurs turque et espagnole à découvrir les potentialités agricoles et touristiques de Biskra en vue d'étendre des rapports commerciaux et de coopération car il semble que la diversification des clients soit une nécessité pour extirper nos dattes de la mainmise de certains gros commerçants installés à Marseille. En diversifiant les marchés proposant aux producteurs des prix intéressants pour toutes les variétés de dattes, nous allons permettre la renaissance des palmeraies de Ghardaïa qui se meurent dans l'indifférence totale, d'écouler les dattes d'Adrar et de réorienter les phœniciculteurs de Oued Souf et de Ouargla vers leurs exploitations. - Quelle est la priorité concernant le développement des exportations de dattes ? D'abord, il est nécessaire de redonner de l'espoir aux producteurs et exportateurs de dattes en leur permettant d'accéder à de nouveaux marchés. Confrontés à des difficultés administratives et à une désorganisation du marché de la datte du fait de la présence de nombreux affairistes, courtiers, spéculateurs et intermédiaires, beaucoup d'entre eux ont abandonné leurs activités. Dans cette optique, la CCI des Ziban prépare activement un voyage vers l'Indonésie auquel prendront part des producteurs de dattes, des exportateurs et des cadres du CRSTRA. Nous y exposerons plusieurs variétés de dattes algériennes au Salon Agroalimentaire de Djakarta se tenant du 12 au 15 novembre. Selon les études en notre disposition, nous pouvons exporter vers le marché indonésien 120 000 tonnes de dattes de second et troisième choix. Pour conclure, je tiens à remercier le ministère des AE et celui du Commerce, l'Algex et la Safex ainsi que le wali de Biskra qui ne manquent pas de nous aider en toutes occasions.