Mme Morgherini, chef de la diplomatie européenne, a prévenu que le monde «ne supporterait pas» une quatrième guerre à Ghaza. La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a plaidé hier, depuis Ghaza, pour un Etat palestinien indépendant. Alors que le processus de paix, au point mort depuis 2000, semble au plus mal, Mme Mogherini a estimé en effet qu'il a un Etat palestinien, affirmant qu'elle discuterait avec chacun des pays membres de l'Union européenne d'une possible reconnaissance. Pour l'heure, au sein de l'UE, seule la Suède a franchi le pas le 30 octobre, rejoignant quelque 134 autres pays. Pour tenter d'ouvrir la voie à cet Etat souverain dans les frontières de 1967 avec El Qods-Est pour capitale, Mahmoud Abbas a répété, hier, qu'un projet de résolution demandant à l'ONU de fixer un calendrier pour la fin de l'occupation serait soumis courant novembre au Conseil de sécurité. Mais il pourrait être tué dans l'œuf par un veto américain. Mme Morgherini a prévenu, en outre, que le monde «ne supporterait pas» une quatrième guerre à Ghaza. Les donateurs ont déjà mobilisé des milliards de dollars pour remettre sur pied les dizaines de milliers de maisons détruites par les bombardements israéliens ainsi que de nombreuses infrastructures à l'arrêt — dont l'unique centrale électrique financée par l'UE — mais butent toujours sur le blocus israélo-égyptien qui empêche tout matériel de construction d'entrer dans l'enclave. Les points de passage peinent à être rouverts faute de consensus palestinien sur leur gestion : après un accord de réconciliation historique en avril, le Hamas islamiste s'est engagé à céder le pouvoir à l'Autorité palestinienne, notamment pour le contrôle des frontières. Mais une série d'attentats vendredi à Ghaza contre des dirigeants du Fatah du président Mahmoud Abbas a encore plus fragilisé la précaire réconciliation et fait de nouveau planer sur l'enclave palestinienne, où s'entassent 1,8 million de Ghazaouis, le spectre des violences fratricides.Face à l'impasse, Mme Morgherini avait déjà plaidé, vendredi à El Qods, pour une reprise urgente des discussions de paix sans laquelle «nous risquons de sombrer à nouveau dans la violence». Lignes rouges La déclaration de la chef de la diplomatie européenne a eu lieu quelques heures après la mort d'un jeune Arabe israélien, tué de sang-froid par les forces d'occupation israéliennes. Ce énième assassinat a déclenché de nouveaux affrontements et fait redouter maintenant une possible contagion des violences aux villes arabes israéliennes, qui se sont jusqu'ici tenues à l'écart des heurts qui déchirent la Cisjordanie occupée et la partie palestinienne annexée et occupée par Israël de la ville sainte d'El Qods. Après l'agression sanglante de Ghaza cet été — près de 2200 morts côté palestinien, en majorité des civils — les tensions se concentrent désormais à El Qods-Est et notamment dans la vieille ville, haut lieu touristique. Toutes les nuits depuis plus de deux semaines, des affrontements y opposent de jeunes Palestiniens jetant des pierres et des pétards à des policiers israéliens répliquant à coup de balles en caoutchouc, de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogènes. Ces heurts ont été particulièrement violents dans le camp de réfugiés de Chouafat, un dédale de ruelles où vivent dans la promiscuité des centaines de milliers de Palestiniens, accolé au mur israélien qui sépare El Qods-Est de la Cisjordanie occupée. Si les raisons de la colère à El Qods sont multiples: chômage, humiliation, poursuite de la colonisation, etc., les Palestiniens estiment qu'une «ligne rouge» a été franchie depuis que des extrémistes juifs ont renforcé leur campagne pour réclamer le droit de prier sur l'esplanade des Mosquées, lieu saint musulman également vénéré par les juifs. Ces militants ultra-religieux ont récemment multiplié les visites sur l'esplanade, déclenchant de violents heurts avec les Palestiniens.