Dans l'une des rares critiques contenues dans sa note de conjoncture du premier semestre 2006, le Conseil national économique et social (CNES), version Mohamed Seghir Babes, relève que « les défauts de stratégie dans la conduite des politiques publiques réduisent les convergences et atomisent les efforts ». Le CNES évoque la persistance « de nombreux problèmes de restructuration ». Il s'agit notamment du saut qualitatif dans les systèmes de décision, de gestion, de management et d'organisation qui doit porter les processus de transition, de l'édification d'une société plus juste et tournée vers le progrès et la modernité qui exige un encadrement et une prise en charge à la mesure des déséquilibres constatés et enfin du cadre et des instruments de programmation économique. Au plan social, les espaces de contestation et de revendication, indique la note de conjoncture, « restent nombreux » et s'analysent comme « manifestation des inégalités sociales et comme disparités dans l'accès à l'emploi, au logement, aux services publics, mettant ainsi en relief déficits cumulés de la gouvernance locale ». Malgré un niveau de transferts sociaux de plus en plus élevé (près de 11 milliards de dollars en 2005), de nombreux efforts, souligne le CNES, « restent à déployer aussi bien dans le sens d'une plus grande efficacité dans la répartition que dans les critères d'éligibilité de population ». Les efforts entrepris en matière de développement, lit-on dans la note de conjoncture, « buttent sur les limites relevées en matière de participation et d'implication des entreprises nationales et les discontinuités des processus éconmiques… ». A titre d'exemple, le programme de logement 2005-2009 a fait l'objet d'une déglobalisation par segment d'offre, par wilaya et commune du territoire national. Une vision de développement durable aurait, d'après le CNES, « utilisé un programme de développement aussi important comme un précieux levier pour structurer l'espace conformément aux objectifs de l'aménagement du territoire et susciter des effets d'entraînement en amont et en aval au niveau des activités industrielles et des services, y compris au niveau de la formation professionnelle ». Abordant la question de l'accès au logement, le CNES, qui nous a habitués à mieux en matière d'analyse, se réfère, cette fois-ci, à l'analyse de la Banque mondiale pour nous apprendre que « le problème de l'accessibilité au logement en Algérie est très complexe » et que « ce n'est pas tant le logement qui est excessivement cher en Algérie, mais plutôt les revenus qui sont faibles ». Les experts du CNES ne pouvaient-ils pas le savoir ? Dans la conclusion générale de la note de conjoncture, le CNES estime que la contribution des secteurs productifs à la formation du PIB connaît « une érosion inquiétante ». « La sécurité du capital privé pour susciter l'investissement à grande échelle et réduire l'évasion des capitaux l'est encore moins », fait savoir le conseil. Aussi « de nombreuses insuffisances », conclut le CNES, obèrent notre insertion dans la mondialisation à partir des retards pris dans un grand nombre de secteurs névralgiques des services, comme la banque, les transports, les infrastructures, et des domaines qui ressortissent de la gouvernance. Après des revendications ayant trait au logement, à l'emploi, les populations sollicitent, selon le « nouveau » Cnes, « une meilleure application des lois et une présence plus ferme de l'Etat dans les missions qui lui incombent ».