C'était prévisible. La crise financière internationale, avec ses répercussions sur l'économie nationale, s'est invitée hier aux débats lors de la session du Conseil national économique et social consacrée à la présentation de deux rapports sur la situation socio-économique de l'Algérie. Alors que le CNES a prôné la prudence et la mise en place d'un dispositif de veille face à une telle situation, le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, a, en marge de la rencontre, souligné la nécessité de «reconfigurer la stratégie économique nationale à moyen terme». Dans la note de conjoncture du premier semestre 2008, le CNES, que préside Mohamed Seghir Babes, estime que la crise financière n'a pas eu d'effet sur la mise en œuvre du programme économique durant cette période. «Les menaces nées de la crise financière internationale n'ont en aucune façon affecté les programmes économiques et d'équipement ni pesé sur les financements durant le premier semestre», indique le CNES à ce sujet. Et d'ajouter dans le rapport sur conjoncture janvier-juin 2006 : «Au contraire, les principaux indicateurs macro-financiers se renforcent de plus en plus, et le programme public de financement et de développement passe à une vitesse supérieure dans la perspective de tenir les engagements pris en matière de livraisons.» Cependant, la prudence est de mise, de l'avis des experts du CNES qui ont plaidé pour le traitement de la situation avec rigueur. «Ces menaces doivent toutefois être traitées avec toute la rigueur que suscite une situation de crise annoncée. Elles doivent dans tous les cas inciter à une grande prudence», est–il encore souligné dans le rapport du CNES. Car, selon cette institution consultative, la crise actuelle ne fait que s'accentuer et monter en intensité, alors qu'en parallèle «les remèdes ne font pas encore consensus» Devant cette situation et pour atténuer les répercussions sur l'économie nationale à court et moyen terme, le CNES recommande l'installation d'un dispositif de veille et la mise en application de manière préventive d'un tain de mesure. Dans le même sillage, le CNES a rappelé la perspicacité des choix économiques actuels. Il a à ce sujet estimé que le recours aux financements internes des investissements constitue un bouclier contre les chocs externes et les aléas de cette crise financière internationale. Un point qu'a également relevé l'argentier du pays. Lequel a de nouveau affirmé que l'Algérie est à l'abri de la crise à court terme. «Nous avons financé en dinars algériens nos projets. Ces bons choix en matière de stratégie nous protègent des effets de la crise à court et à moyen terme», a-t-il précisé. Il a cependant relevé que la situation est appelée à changer si les prix continuent à baisser sur les marchés internationaux. «Même si nous ne sommes pas concernés par la crise financière pour des raisons connues, nous le serons par le fait que les prix sont à la baisse. Nous devons donc reconfigurer notre stratégie économique de manière à pouvoir intégrer les évolutions sur le marché international», a-t-il recommandé en insistant sur cette question : «S'il y a récession, nous serons dans la nécessité de reconfigurer notre action économique à court et à moyen terme.» A ce sujet, il est utile de rappeler que les appels se sont multipliés ces derniers temps pour la réorientation de la stratégie économique. Une stratégie basée actuellement sur les hydrocarbures qui demeurent la principale ressource financière du pays. Le chef de l'Etat et celui de l'Exécutif l'ont souligné récemment, plaidant pour la préparation de l'après-pétrole à travers la mise en place d'un système économique productif. Mais il faudrait assurer les assises de ce système. Les intervenants dans les débats d'hier après la lecture des deux rapports l'ont d'ailleurs souligné. S. I.