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Le « redressement » du CNES consommé
Première note de conjoncture sous le règne Babès
Publié dans El Watan le 01 - 08 - 2006

Pour sa première note de conjoncture sous l'ère de Mohamed Seghir Babès, le Conseil national économique et social (CNES) n'a pas « déçu ». En effet, le rapport rendu public hier par cet organisme consultatif concernant la note de conjoncture du premier semestre 2006 s'apparente à un compte rendu de l'activité gouvernementale de ces derniers mois.
Aucune évaluation critique, ni avis divergents sur les politiques économiques et sociales engagées. De là à oser une remise en cause des politiques et décisions prises par les pouvoirs publics, c'est là un pas que l'institution que préside M. Babès n'osera sans doute pas franchir. Le CNES est bel et bien « normalisé ». Pourtant, dès son installation l'été dernier à la tête du CNES en remplacement de Mohamed Salah Mentouri, M. Babès s'est empressé de répondre à ceux qui « soupçonnaient » des velléités de mise au pas du conseil, qu'il s'efforcera « de travailler dans la plénitude de ce que lui confèrent les textes, ainsi que faire du CNES un organe qui accomplisse entièrement sa mission ». M. Babès avait pris alors l'engagement de faire en sorte que le CNES puisse jouir de toute son autonomie. L'ex-conseiller du président Bouteflika aux affaires sociales est allé jusqu'à ambitionner un organisme qui soit à la hauteur des CNES existants dans des pays développés. Le rapport du CNES dans sa version Babès vient démentir ces assertions et justifie les craintes émises par tous ceux pour qui le « redressement » du CNES était en marche. Pour illustrer cet état de fait, le rapport de conjoncture sociale du CNES ne fait que s'aligner sur les chiffres et les politiques du gouvernement. Le rapport fait ressortir de prime abord que le chômage est passé de 17% en 2004 à 15% en 2005. Cependant, le chômage des jeunes reste toujours à un niveau alarmant, selon le rapport. Ainsi, le taux de chômage dans la tranche d'âge 16-19 ans est de 34,3%, mais en net recul, précise le rapport, comparativement à l'année 2000 où il était supérieur à 60%. Le rapport a mis en exergue la déperdition scolaire qui ne fait qu'augmenter, dépassant les 534 000 exclus en 2004. Le nombre de demandes de contrat pré-emploi a été multiplié par trois entre 2000 et 2005 passant de 32 323 à 103 617. Pour le CNES, l'accès aux dispositifs d'emplois reste un privilège. Plus de 7000 universitaires ont accepté des emplois d'initiatives locales rémunérés à 2500 DA par mois en 2005, poussant cette catégorie de jeunes vers « la fuite à l'étranger ». Le CNES a tenu à rappeler l'annonce faite par le président de la République concernant l'affectation de 1000 cadres aux circonscriptions administratives et aux communes au cours de l'année 2006. Le rapport a mis en exergue aussi l'élaboration d'un projet de loi en faveur de l'allégement des charges sociales des employeurs, comme mesures incitatives à l'emploi. Concernant les questions salariales, le CNES n'a pas dérogé à la règle, se contentant de souligner que la revalorisation des salaires dans le secteur économique et celle du SNMG « sera étudiée dans le cadre de la tripartite et des conventions collectives, et ce, en rapport avec les trois critères fondamentaux que sont le taux de croissance, la productivité et l'inflation ». Et de rappeler l'enveloppe financière de 98 milliards de dinars allouée à l'augmentation des salaires dans la fonction publique ainsi que le relèvement des retraites à un niveau minimum de 10 000 DA. Les experts du CNES, qui n'ont émis aucune proposition concernant les questions salariales, se contentent de considérer que « la détermination des salaires et leur hiérarchisation sont confrontées aux dilemmes suivants : des besoins sociaux insatisfaits, exprimés à travers de nombreuses revendications ; de nouvelles exigences de résultats économiques particulièrement dans les entreprises publiques (….) ; des structures de répartition qui s'éloignent de la rationalité économique et qui développent de multiples frustrations qui accablent les titulaires de bas revenus ». En somme, des généralités, lapalissades et rappels dont est truffé ce premier rapport de conjoncture du CNES, expéditif et manquant cruellement de rigueur.

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