S'il venait à se concrétiser en Algérie, le projet de production d'hélicoptères porterait la coopération industrielle algéro-française à un niveau encore plus élevé comparé au domaine de l'automobile. C'est l'une des idées débattues dans le cadre de la réunion du Comefa, tenue hier au Sheraton d'Oran. Les pourparlers sont engagés entre Airbus Helicopters d'un côté et les ministères algériens de l'Industrie et de la Défense de l'autre. «Ce qui est important pour l'Algérie, c'est de bien définir l'appareil sur lequel elle souhaite investir», explique Guillaume Faury, PDG de la firme française, à l'issue de la réunion tenue à huis clos. Et d'ajouter : «Il faut faire les bons choix au début et nous, nous viendrons avec nos compétences, notre savoir-faire, nos ingénieurs pour développer la filière hélicoptères en Algérie.» Des relations existent déjà dans ce domaine mais elles se limitent, selon le même intervenant, à la maintenance d'une trentaine d'appareils en opération. L'ambition affichée au sein de la Comefa est de passer à une autre étape et de «constituer un projet technique industriel». L'intérêt est de réussir aussi bien que le projet Renault. La célérité avec laquelle ce dernier s'est concrétisé a été l'un des points soulevés par Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, dans son intervention publique face à la presse, à la fin de la réunion. «Désormais, pour les grandes entreprises, si on veut être présents, il faut coproduire sur place au risque d'être évincés du marché», a-t-il suggéré, en précisant que «tout le monde y gagne». Les idées proposées lors de la réunion sont jugées excellentes et prometteuses et, pour lui, «maintenant que les relations entre les deux pays sont au meilleur niveau, il faut les hisser au niveau économique». Dans quelques jours (en décembre pour la réunion du comité intergouvernemental de haut niveau) à Paris, les Premiers ministres des deux pays signeront les accords qui matérialiseront ce qui a été développé à Oran mais, auparavant, les conclusions doivent être présentées à Alger au président de la République, qui recevra la délégation, selon Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères qui a présidé, avec son homologue français, cette deuxième réunion du Comefa. Celle-ci s'est tenue en présence de plusieurs ministres algériens et d'un panel d'opérateurs économiques français représentant plusieurs secteurs d'activité autant dans le domaine de l'industrie et de l'énergie que de l'agriculture, du bâtiment ou du tourisme. Abdesalam Bouchouareb, ministre de l'Industrie énumère 21 projets «pas tous encore de la taille souhaitée mais je constate que ce sont des prémices pour aller vers la concrétisation de projets plus grands». Il évoque quelques cas jugés importants comme la sidérurgie, le projet d'autorail avec Alstom, mais surtout la possibilité de constituer un réseau de sous-traitance plus étoffé. Son homologue français, Emmanuel Macron, relève le fait qu'il consacre son premier déplacement hors Union européenne à l'Algérie, un axe important en Afrique, et met en avant l'intérêt des entreprises françaises à investir sur place. Au sujet de Renault, il parle de relocalisation en fabriquant en Algérie ce qui est destiné au marché algérien à partir de la Turquie et de la Roumanie. Il a promis de revenir au printemps pour faire avancer les projets.