Le président du parti Ahd 54, Ali Fawzi Rebaïne, s'interroge sur le timing et l'objectif de l'initiative pour la «reconstruction d'un consensus national» du FFS. Interrogé lors d'une conférence de presse, hier à Alger, le candidat malheureux à la dernière présidentielle refuse de polémiquer sur les actions des uns et des autres. Mais il se pose des questions qui sont, selon lui, logiques compte tenu de la situation politique actuelle. Pour lui, toute alternative reste tributaire d'une volonté politique du pouvoir. «Toutes les initiatives sont bonnes. Mais mèneront-elles à un changement ? Je dirai non. Tout changement est conditionné par l'existence d'une volonté chez le pouvoir», lance-t-il. Ali Fawzi Rebaïne prédit, dans ce sens, l'échec de cette proposition. «L'important n'est pas la comptabilité et la taille des personnes ou organisations qui seront rencontrées par le FFS. Le nombre importe peu. L'essentiel est l'aboutissement de toute démarche. Des questions se posent aujourd'hui. A qui s'adresse l'initiative du FFS ? Au pouvoir ou à la population ? Si c'est au pouvoir, je dirais qu'elle n'aura aucun résultat. Car le pouvoir n'a pas besoin du FFS ni d'aucun autre parti pour construire l'alternative tant qu'il n'est pas dérangé par une pression de rue», assure-t-il. Le leader de Ahd 54 ne s'empêche pas, dans la foulée, de lancer des piques aux responsables du parti de Hocine Aït Ahmed : «Il y a des questions qui se posent aussi sur le timing de cette initiative. Le FFS ne s'est pas exprimé sur la dernière élection du président Bouteflika.» «Je voudrais juste comprendre comment construire une alternative alors que le pouvoir n'en veut pas. Lorsqu'il y aura une volonté politique pour le changement, tout sera facile. Mais s'il y a des arrières pensées politiques, on n'ira nulle part. Pour qu'il y ait dialogue, il faut deux parties», enchaîne-t-il. «La publicité ne doit pas être gérée par clientélisme» Ce faisant, M. Rebaïne aborde également les consultations menées par Ahmed Ouyahia pour la révision de la Constitution auxquelles il a participé. Selon lui, «les Constitutions ne construisent pas l'alternative. Les Constitutions sont faites pour gagner du temps. Si le régime voulait un changement, il l'aurait fait en 2011. Seule une pression de la rue est en mesure d'imposer une évolution de la situation». Et de préciser que «les partis et les citoyens doivent se rencontrer dans la rue». «Je salue pour l'occasion le peuple burkinabé qui a chassé Blaise Compaoré du pouvoir», enchaîne-t-il. L'orateur réitère sa demande concernant le départ du président Bouteflika : «Le Président est malade, il doit partir. Aujourd'hui, le centre de décision n'est pas lui. Le système est en phase finale.» Le président de Ahd 54 estime que l'urgence est de trouver des solutions à la crise actuelle. «Le gouvernement n'a même pas de projet sur deux ans. Il faut construire des institutions crédibles», dit-il. Ali Fawzi Rebaïne critique aussi la politique économique et charge notamment le FCE. «Ce Forum est un comité de soutien. Ses membres sont là pour profiter de la rente. Ils veulent aussi squatter la prochaine APN, qui sera l'assemblée des milliardaires. Ce processus est déjà engagé», dénonce-t-il. Abordant les pressions sur les médias et le chantage exercé sur eux, il condamne à un retour déguisé «à la culture du parti unique». «La manne publicitaire est évaluée à plus de 1100 milliards de centimes. Elle est distribuée à la ‘clientèle'. Une nouvelle étape vient d'être franchie. La publicité ne doit pas être gérée par clientélisme. Il ne faut pas qu'elle soit un moyen de règlement de compte avec les titres de la presse écrite et audiovisuelle», plaide-t-il.