Cette semaine, dans une venelle de La Casbah d'Alger, régnait un je ne sais quoi dans l'air. Une certaine fébrilité. Et pour cause ! L'on tourne le nouveau film de Djamel Azzizi, Fouilleurs. Le décor est planté au cœur de la Basse Casbah d'Alger. Dans une ruelle passante, au milieu d'un chassé-croisé de piétons montant ou descendant, un plateau de tournage de cinéma. Deux jeunes comédiens se donnent et redonnent la réplique au gré des séquences, en l'occurence Rania Gourari et Ali Zarif (Yemma). Les plans-séquences pris sous toutes les coutures sont ouverts par l'assistante Karima, sous les auspices de la première assistante marocaine, Fatiha Allam, «œil design» du directeur de la photo, le Canadien Louis Martin — un autre professionnel français — est attendu ces jours-ci pour rejoindre le tournage, sous la direction de Djamel Azzizi. Le réalisateur n'est plus à présenter. Il a signé des films comme Message d'Alger, Le blouson vert, Transporteurs de bonheur, Prophète en son pays, Transporteur de rêves, J'ai 50 ans, ou encore Le dernier Safar. Le pitch du film Fouilleurs sur deux «flics» algérois. L'un est célibataire aimant consommer la bière et les sardines, et un collègue plus jeune que lui ayant une famille et une petite fille. Le duo chic et choc découvre un jour un cadavre dans une décharge publique à la périphérie d'Alger. Il faut donc identifier le corps. De fil en aiguille et au gré de l'investigation, les deux compères dévoilent une grosse affaire de trafic d'ecstasy. Le cadavre n'est autre que celui d'un pharmacien impliqué dans l'affaire. Ainsi, lors de l'enquête, pour des raisons qu'ils ignorent, ils subiront des pressions pour abandonner l'affaire. Le réalisateur, Djamel Azzizi, tournait une séquence à laquelle nous avons assisté, qui est importante. C'est la séquence-clé du film. C'est celle où la jeune fille (Rania Gourari) est abordée par l'inspecteur Rachid (Ali Zarif) pour identifier le cadavre sur des photos. Le tournage de Fouilleurs se déroule dans une bonne intelligence. Djamel Azzizi veille au grain, le directeur photos donne des consignes, le cameraman a l'œil rivé sur le viseur comme un sniper, les deux acteurs, de jeunes figurants, évoluent dans une ambiance sereine. Même les riverains de La Casbah sont patients et aimables, alors que le tournage «obstrue» leur passage. C'est une attraction conviviale. Le film, qui est à 70% du tournage, a été entamé le 29 septembre. Trois semaines de tournage sont prévues. «Il s'agit de faire des choses différentes. Un regard différent. Sortir du cinéma officiel. Un autre regard sur l'Algérie. Une approche différente. C'est un triller, un polar. Le choix de La Casbah marque le côté pittoresque. Une unité de valeur ! Le film a été bloqué durant 14 mois par l'AARC. Et c'est la nouvelle ministre de la Culture, Nadia Labidi, qui a débloqué la situation. Ce genre de film est conçu avec de petits moyens, comparé aux films de guerre. On ne peut pas faire que des films de guerre. C'est le centième d'un film d' Ahmed Rachedi. Alors que des films se voient allouer une enveloppe de plus de 400 milliards de centimes…!»