Vendredi dernier une armada de gros engins s'était engagée dans les travaux de terrassement de plusieurs hectares de terre sur la bande du littoral ouest de la daïra de Cherchell. Les citoyens et les familles, qui se rendaient comme à l'accoutumée à leur coin de détente, avaient non seulement du mal à trouver leur chemin, mais surtout du mal à dissimuler leur tristesse et leur amertume. Le bruit des camions de gros tonnage et des engins ont totalement brisé le silence de cet environnement qui n'a jamais laissé les visiteurs insensibles à son charme. Essefah est demeuré un site naturel, de surcroît vierge, très fréquenté en période estivale, mais également visité quand les caprices de la météorologie le permettent. Quelques anciennes bâtisses avaient été totalement démolies dès les premières actions des engins. Le nivellement de cette gigantesque étendue a nécessité la mobilisation de plusieurs types d'engins. Ainsi, l'été 2006 sera désormais la dernière saison estivale pour les dizaines de milliers d'estivants habitués à effectuer leur pèlerinage en période de chaleur au milieu de cette portion du bassin méditerranéen. Des baigneurs venus d'autres wilayas, notamment de Blida et d'Alger, prennent des photos pour immortaliser les merveilleux moments passés à Essefah. Certains sentiers, qui servaient de voies d'accès pour se rendre à la mer, ont disparu dès que les mastodontes mécaniques sont entrés en action, y compris le vendredi, journée de repos hebdomadaire. Il a été décidé de construire le plus important projet d'industrie électrique engagé en Algérie. Il s'agit de la centrale électrique thermique au gaz de Hadjret Ennous, située à 38 km environ à l'ouest de Tipaza, qui produira 1227 MW. La réalisation du gazoduc de diamètre 42'', qui relie Sougueur (wilaya de Tiaret) à cette centrale électrique (wilaya de Tipaza), soit un linéaire de 273 km, est en voie d'achèvement. Ce projet de gazoduc permettra non seulement d'alimenter la centrale électrique de Hadjret Ennous et la région centre du pays, mais aussi, elle renforcera l'alimentation de la centrale électrique de Berrouaghia (wilaya de Médéa), d'une capacité de 480 MW. La construction du projet de ce gazoduc a été confiée à l'entreprise russe Stroytransgaz, qui a décroché le marché en proposant l'offre la moins-disante d'un montant de 16,756 milliards de dinars, devant quatre opérateurs (espagnol, émirati, algérien et français). Selon nos différentes sources d'information, la société canadienne d'ingénierie SNC-Lavalin, qui a réussi à devancer Siemens Algérie, vient de signer deux contrats avec Sharikat Kahraba Hadjret Ennous (SKH), pour un montant global de 1,1 milliard de dollars, pour la construction, l'exploitation et l'entretien de cette centrale électrique thermique au gaz de la wilaya de Tipaza. En théorie, ce gigantesque projet sera mis en service à partir de 2008. Par ailleurs, la société canadienne SNC-Lavalin Group exploitera cette centrale, puis vendra l'électricité produite à Sonelgaz, selon les termes du contrat sur une période de 20 ans. Ce qui représente environ 20% de la fourniture actuelle nationale en électricité. Le montant global du projet s'élève à 826 millions de dollars US. La participation financière des banques algériennes est estimée à 70% du montant du marché, soit 578 millions de dollars US. Il s'agit de la BNA, la BEA et la CNEP. Les actionnaires de SKH-SPA, en l'occurrence Sonatrach, Sonelgaz et AEC avaient apporté 121,5 millions de dollars US, tandis que l'AUIL a investi 126,5 millions de dollars US, ce qui représente en fait l'investissement direct étranger, soit 15,31% du montant global du projet de cette centrale électrique. 51% des actions de SKH sont détenus par la société mixte Algerian Utilities International Limited (AUIL) qui se compose de l'opérateur canadien SNC-Lavalin et de son homologue des Emirats arabes unis Mubadala. Ce sera un projet créateur d'emplois pour cette région déshéritée de la wilaya de Tipaza qui a tant besoin de perspectives de développement social et économique, au détriment de la préservation d'un site pour lequel les services locaux de la culture se sont mis à courir pour engager la procédure de classement.
