Hmimiche a tiré sa révérence, jeudi dernier, à la suite d'un accident de circulation, alors qu'il se rendait à Alger. Cet artiste talentueux était aimé de son public. Sa disparation a produit un choc à Oran, sa ville d'origine. Hmimiche est mort tôt, jeudi, dans un accident de la route. Il se rendait d'Oran à Blida dans un taxi collectif après avoir donné l'avant-veille un spectacle à Saïda. Né Hadjem Cherif, il y a 59 ans, il a pris pour nom d'artiste celui du personnage qu'il campait depuis plus de trois décennies pour la plus grande joie des enfants. Ceux de tout le pays qu'il sillonnait l'année durant, le connaissent aussi par sa chansonnette fétiche Hmimiche el bahlaouane, écrite pour lui par le parolier Kada Medjeded et qu'ils répétaient à l'unisson sous sa direction à chaque spectacle. Pour compagnon de scène, il avait depuis dix ans à ses côtés Bouabdil qui agrémentait la représentation par des tours de prestidigitation. Plutôt qu'une carrière de chirurgien dentiste, son penchant pour l'art et la scène prenant le dessus, il abandonna ses études pour devenir saltimbanque. Son engagement était si ferme qu'il s'y était lancé dans les années 1980 sans filet, c'est-à-dire en indépendant alors qu'à cette époque, il était nécessaire d'être arrimé à une institution culturelle ou à tout le moins exercer une autre profession pour gagner sa vie. Sans formation préalable, il apprit son métier sur le tas, complétant au début des années 1990 son apprentissage par des formations de courte durée en France. Il fit partie du TTO, une troupe semi-professionnelle, en compagnie de Mohamed Mihoubi avec lequel il partage d'ailleurs l'affiche du court métrage de fiction Un bus nommé désir de Rachid Benallal. Il rejoignit la compagnie Clin d'œil et jouera sous la direction de Saïd Benyoucef dans Le dernier Train puis Clair obscur. Ensuite, il vola de ses propres ailes, la seule voie pour lui de gagner sa vie et d'exercer son métier, était de s'adresser au public juvénile. Pour lui, il fut clown dans des spectacles d'animation. Certains lui reprochaient d'être infantilisant, ce qui était vrai mais quelle alternative avait-il que de faire rire quitte à user et abuser de pitreries, cela d'autant que les lieux de représentation s'y prêtent peu et que le public était pléthorique et en définitive intenable ? Il ne rechignait pas à exercer son métier à la dure en se produisant dans des établissements scolaires de l'intérieur du pays. De temps à autre, il était distribué dans des feuilletons où il campait d'autres personnages à l'opposé de celui qui faisait sa notoriété. Enfin, pour ce qui est de l'homme, on se souviendra d'un être chaleureux au contact, démonstratif, tactile avec ses familiers et le sourire large. Abdelkader Belkeroui, dramaturge et comédien, le décrit ainsi : «Hmimiche est resté un grand enfant. C'était un être très généreux qui respirait la naïveté» Adieu l'artiste, adieu l'ami, on t'aimait bien.