Inutile de ressasser les résultats du bac à Djelfa tant chaque année ce sujet est commenté dans les journaux. Curieusement, c'est seulement maintenant que le département de Benbouzid se rend compte des résultats alors que la région n'a pas cessé, durant une décennie, d'aligner échec sur échec ! A bien réfléchir, lorsqu'on déroule le film des événements de juillet, force est de se pencher sur l'idée que cette « prise de conscience » subite est le fait d'une réaction en chaîne du corps social. La société civile a clamé publiquement sa désapprobation ; l'APW, prenant le relais par-delà sa commission de l'éducation, a dénoncé haut et fort ce secteur. Des personnes se disant proches du pouvoir central ont affirmé que la question sera portée devant le conseil du gouvernement. Enfin, la presse s'est emparée de l'évènement sans ménager quiconque. Réponse du berger à la bergère, le ministre de l'Education convoque le 29 juillet dernier 34 proviseurs supposés en vacances scolaires. Bilan : 3 chefs d'établissement seront traduits en conseil de discipline, 9 autres écoperont d'un blâme, tous les chefs de service de la direction de l'éducation rejoindront leur corps d'origine. Mais le plus déroutant reste incontestablement la décision de relever de ses fonctions le secrétaire général alors qu'il venait à peine de regagner Djelfa ! Certes, Benbouzid a réussi son spectacle solo devant les médias lourds en s'ingéniant à convaincre l'assistance du bien-fondé de ses décisions. En revanche, ce n'est pas évident pour les professionnels qui demeurent convaincus que la problématique est bien plus importante qu'une décision ! Par contre, aucun directeur de l'éducation, ayant séjourné dans la wilaya au cours de ces 10 dernières années, n'a été inquiété, encore moins de hauts fonctionnaires. A vrai dire, une situation qui laisse pantois ! Qui a donc autorisé le recrutement des 800 professeurs certifiés ? — n'ayant rien à voir avec l'enseignement — Qui a permis à des proviseurs de diriger chacun 2 établissements ? Qui a nommé certains directeurs « Taiwan » sur la base de décisions interlopes ? Qui a opéré cette valse de 6 directeurs de l'académie en moins de 10 ans et nommé le dernier en date en qualité de chargé de mission et qui sera mis à la retraite après 6 mois ? Quelle a été la réaction du ministre en 2001 lorsqu'il avait constaté de visu le surnombre dans les classes d'examens ? Sait-il que pas moins de 100 enseignants sont détachés et que 300 autres sont en situation de maladie de longue durée ? Pourquoi n'a-t-il pas à ce jour résorbé le déficit criant en professeurs de langues, notamment le français considéré la bête noire des candidats au bac ? De nombreux questionnements qui auraient dû le faire réfléchir par deux fois avant d'immoler sur l'autel des sacrifices des boucs émissaires. Il reste néanmoins à s'accrocher aux miracles de ce ministre qui a promis l'an prochain de renverser la vapeur. Serait-on par hasard sur le sillage de Mascara qui est passé sans coup férir et en l'espace d'une année de lanterne rouge à champion d'Algérie.