Avec l'entame des examens de fin d'année, le débat sur les taux de réussite et d'échec à travers les différentes régions du pays refait surface. Un débat qui s'impose en dépit de la décision du ministère de l'Education nationale d'annuler le classement entre les wilayas sur la base des résultats obtenus aux examens, notamment le bac. D'autres décisions seront annoncées dans ce cadre. La suppression de cette procédure n'annule pas toutefois les résultats enregistrés, notamment dans les régions où le taux d'échec scolaire est effarant. Il n'y a pas eu beaucoup d'amélioration. Le niveau et la qualité de l'enseignement restent faibles. Certaines wilayas continuent à se classer au bout de la chaîne. C'est le cas de Djelfa qui a eu, trois années de suite (2004, 2005 et 2006), des résultats catastrophiques avec, respectivement, 23,44% de réussite au bac, 47,49% au BEF et 24,3% à l'examen de 6ème. Cette wilaya est sortie de la lanterne rouge en 2007 en se classant deuxième après Relizane avec un pourcentage de 63,13% de réussite au bac. Par quel miracle ? La question mérite d'être posée, d'autant que le taux de réussite a pratiquement été multiplié par 3 en l'espace d'une année. Certains avancent même que les résultats sont «politiques». Mais du côté des chargés du secteur au niveau de cette wilaya steppique, on avance que les choses se sont améliorées grâce aux efforts des uns et des autres. Selon M. Izerrouken, secrétaire général de la direction de l'éducation de la wilaya, «c'est un travail de longue haleine, mais les résultats commencent à venir». Les responsables du secteur au niveau local et national ont pris le dossier en main. Durant l'année scolaire 2006-2007, des commissions ont travaillé sur place. Même les parents d'élèves ont été associés à cette tâche. Car, faut-il le noter, dans cette région pastorale, les parents n'accordent pas beaucoup d'importance à la scolarité de leurs enfants, selon les dires des responsables. D'ailleurs, la scolarisation des filles est faible. Dans les zones rurales, le problème se pose avec acuité chez les nomades. Le phénomène de l'absentéisme des enseignants «Certains parents préfèrent confier des troupeaux à leurs enfants au lieu de les envoyer à l'école.» En plus des parents, les enseignants ont également leur part de responsabilité. «A l'approche des fêtes, notamment celle de l'Aïd El Kebir, ces enseignants abandonnent leur poste pour sillonner les autres régions avec leurs troupeaux sans que les sanctions tombent.» Car, faut-il le noter, il y a aussi la complicité des chefs d'établissement scolaire dans cette wilaya. Le secrétaire général du ministère de l'Education nationale avait même relevé ce dysfonctionnement en juillet 2007 à l'annonce des résultats officiels du bac. «Lorsque nous avons décidé, l'an dernier, de connaître les problèmes à l'origine du faible taux de réussite dans la wilaya de Djelfa, nous avons découvert que les enseignants s'absentaient sans cesse et que personne ne leur demandait des comptes. Les enfants viennent ou ne viennent pas, ce n'est un problème pour personne, les établissements scolaires ne terminaient jamais leur programme, c'était le laisser-aller total. Pour changer les choses, nous avons commencé par changer le directeur de l'éducation», avait déclaré M. Boubekeur Khaldi. Pour cette wilaya, le taux de déperdition est, à titre indicatif, en moyenne de l'ordre de 3% (départ volontaire) et pour 20% d'échec scolaire. D'où l'amplification de la problématique de résorption des déperditions. Ce dossier se pose avec acuité dans cette région. Et ce, en raison de l'ampleur de l'échec scolaire. Du travail sur la planche pour le ministère de la Formation professionnelle. Djelfa, pourvoyeur de la formation professionnelle Les capacités d'accueil restent en deçà des besoins affichés même si chaque commune est dotée d'un centre ou d'une annexe. On note aussi des sections détachées équipées de matériels pédagogiques. Mais, pour certaines spécialités, on enregistre un déficit. C'est le cas d'ailleurs pour le bâtiment. Les jeunes de la région sont loin d'être qualifiés pour la construction, et la wilaya ne compte pas d'entrepreneurs privés. Les raisons de l'abandon scolaire sont diverses : pauvreté, éloignement du domicile de l'enfant de l'école, non-motivation des parents, rigidité des enseignants et des directeurs d'école. Djelfa, à titre indicatif, est une wilaya pilote pour l'amélioration des résultats dans le cadre de la coopération algéro-européenne Meda II. C'était le va-et-vient des inspecteurs dans les différentes écoles de cette wilaya. A la fin de chaque trimestre, une évaluation se fait. «C'est une manière de secouer la famille éducative», explique M. Izerrouken qui ajoutera : «Il y a eu des changements radicaux au niveau de la DE. Le secteur a été soutenu avec tous les moyens.» Maintenir les résultats de 2007, un défi à relever Pour cette année scolaire, le travail a été effectué. «C'est surtout pour ne pas retomber dans les erreurs du passé et continuer sur la lancée de l'année scolaire précédente». «Maintenir les résultats de 2007-2008 est le défi à relever», précise M. Izerrouken, selon lequel le taux d'avancement des programmes scolaires pour les classes d'examen, particulièrement pour les candidats au bac, est important. «Nous avons même organisé des cours de soutien aux élèves de terminale. Dans notre wilaya, les enseignants n'ont pas refusé d'assurer les cours pendant les vacances scolaires», explique encore le représentant de la DE de Djelfa. La majorité des 20 117 candidats au bac, toutes séries confondues, ont bénéficié de ces cours. Pour le BEM, on compte 12 988 candidats contre 36 720 pour la 6ème. Le nombre total d'élèves s'élève à 199 771 pour 11 241 encadreurs, dont 8 133 enseignants. Pour le cycle primaire, on compte 4 335 éducateurs (dont 350 chefs d'établissement), alors que, pour le moyen, le nombre d'enseignants est de l'ordre de 2 471 contre 1 327 pour le lycée. «L'année scolaire 2008-2009» s'annonce difficile A l'instar des autres régions du pays, la wilaya de Djelfa connaît un déficit important en enseignants, particulièrement pour les langues. Dans certaines cas, les classes n'ont même pas de professeur d'anglais ni de français selon le témoignage d'une maman : «Ma fille, scolarisée en première année moyenne, n'a pas d'enseignant de français», regrette cette mère de famille qui notera que ce problème se pose dans de nombreuses écoles. Au niveau de la DE, on avance que le déficit est assuré par la vacation. «On recrute des vacataires diplômés des autres filières pour le français et l'anglais», explique M. Izerrouken. Ces enseignants viennent souvent des autres wilayas du pays mais ne tiennent pas le coup. Ils abandonnent parfois. «Le problème des enseignants des langues étrangères ne sera définitivement réglé que dans deux ans», selon M. Izerrouken. En effet, 428 sont recrutés en 2007-2008, toutes spécialités confondues. La première promotion de licenciés en français sortira dans deux ans du centre universitaire de Djelfa. Ce qui va contribuer à diminuer le déficit. En attendant, la galère continuera. Et ce, d'autant que l'on s'attend pour la prochaine rentrée scolaire à l'augmentation des effectifs d'élèves dans le cycle moyen puisque ceux de 5ème et de 6ème année primaire sont concernés par l'examen (plus de 1,3 million à l'échelle nationale). Face à cette situation, la wilaya de Djelfa ouvrira 103 classes supplémentaires pour l'année scolaire 2008-2009. 13 CEM seront par ailleurs réceptionnés. S. I.