La décision de l'OPEP de laisser inchangé son plafond de production de 30 millions de barils/jour, suite à sa réunion à Vienne jeudi dernier – malgré une chute rapide et continue des prix du pétrole – confirme les menaces qui pèsent sur l'Algérie. Le gouvernement qui estimait qu'un prix du baril autour de 80 dollars permettrait au pays d'engranger en 2015 des recettes autour de 60 milliards de dollars et d'équilibrer, tant bien que mal, son budget en attendant un rebond des prix, se retrouve aujourd'hui face à un scénario nettement plus catastrophique. Avec un prix du baril se maintenant difficilement au-dessus de 70 dollars et des perspectives sombres pour les mois qui viennent, au vu de prévisions internationales tablant sur un baril à 60 dollars, les marges de manœuvres qui restent au gouvernement pour éviter un déséquilibre de la balance de paiement sont quasi inexistantes. Après des années de faste pas mis à profit pour asseoir une stratégie alternative aux exportations d'hydrocarbures, l'Exécutif, même s'il affiche un optimisme de façade, se retrouve en réalité dans une position difficile et peine d'ores et déjà à entrevoir la solution qui lui permettra de garder la tête hors de l'eau. Refusant d'inclure une démarche plus prudente dans le cadre de la loi de finances 2015 votée il y a quelques semaines, le ministère des Finances a ficelé un document comprenant 110 milliards de dollars de dépenses prévues pour l'année à venir, alors que les recettes du pays avaient déjà fondu de plusieurs dizaines de milliards de dollars et que les prix du baril de pétrole avaient reculé de 30% depuis l'amorce de la chute en juin 2014, passant de 115 dollars à moins de 80 dollars au moment de la confection du projet de loi. Aujourd'hui, la perte est encore plus conséquente dans le sillage de la baisse des prix du pétrole qui a enregistré un recul de 35% occasionnant ainsi un surplus de perte pour le pays. L'année qui s'annonce ne promet guère de bonnes nouvelles donc pour le gouvernement qui sera amené à puiser encore plus dans le fameux Fonds de régulation des recettes (FRR) censé «garantir l'avenir des générations futures» selon la terminologie du gouvernement. Le FRR, qui constituera tout au plus un éventuel plan de sauvetage d'urgence, ne pourra pas contenir longtemps les conséquences d'un choc pétrolier durable. Un scénario tel que celui des années 1980 serait plus que dangereux, car le gouvernement qui n'a pas su anticiper une baisse durable des recettes d'exportation, n'a pas mis le holà aux importations, et a misé à outrance sur les plans de relance budgétivores sans arriver à relancer les secteurs producteurs et les investissements créateurs de richesses et d'emploi, en dehors des hydrocarbures. Le FRR permettra d'assurer tout au plus trois ans d'importations en cas de chute durable des recettes d'exportations des hydrocarbures, ce qui fera rapidement perdre au gouvernement les quelques moyens dont il dispose pour contenir la grogne sociale. Le statu quo politique et l'inertie économique n'augurent rien de bon pour le pays ni sur le plan interne ni extérieur. Les projections des spécialistes misent sur un possible retour à terme à l'endettement du pays, voire, selon les scénarios les plus pessimistes, le risque d'une cessation de paiement, ce qui fragilisera encore plus la position de l'Algérie et menacera sérieusement sa stabilité dans une conjoncture géopolitique particulièrement difficile.