Les prix du pétrole brut poursuivent leur chute l Le baril de brent a atteint, jeudi, 77 dollars pour la première fois depuis 2010. L'optimisme affiché il y a quelques jours par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, va-t-il durer malgré la poursuite de la chute des prix du pétrole, qui s'installent en dessous de 80 dollars le baril et leurs conséquences sur les revenus de l'Algérie ? La question se pose au vu de la nonchalance, du moins en apparence, du gouvernement face à la fonte des recettes pétrolières du pays depuis le début de l'année et la persistance du département des Finances à maintenir ses dépenses à un niveau assez élevé dans le budget 2015, qui a d'ailleurs été voté sans état d'âme par les deux Chambres du Parlement, malgré un baril de brent s'affichant jeudi à peine au-dessus de 77 dollars, pour la première fois depuis 2010 avant une légère hausse enregistrée hier. Le pire est à venir, selon les analystes, et le scénario catastrophe vécu en Algérie dans les années 1980 pourrait ressurgir si rien n'est fait pour limiter les dépenses et relancer réellement la production nationale hors hydrocarbures. En effet, le déclin des prix du pétrole devrait se poursuivre ces prochains mois, en raison d'une demande relativement faible face à une offre abondante. Une évaluation qui a été appuyée, hier, par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui, même si elle penche plutôt pour des analyses en faveur des pays consommateurs, confirme que la baisse continue des cours du brut risque de ne plus être «conjoncturelle», comme on le pensait il y a encore quelques semaines, mais plutôt à tendance durable. La prévision de l'AIE confirme en tous cas les projections du FMI faites en début d'année et laisse entrevoir un lot de désagréments qui risquent d'affecter les économies mono-exportatrices de brut, comme l'Algérie. N'ayant pas profité de l'embellie financière durant de nombreuses années grâce à un prix du pétrole au-dessus de 100 dollars, pour diversifier, au-delà des discours, l'économie nationale, booster les exportations hors hydrocarbures et les investissements nationaux et étrangers, ou tout au moins pour réduire la tendance boulimique des importations, le gouvernement se retrouve à lorgner, plus que jamais, le Fonds de régulation des recettes (FRR), seule bouée de sauvetage à court terme. Lorsqu'on met sur la balance, les 60 milliards de dollars de recettes d'exportation projetées par le ministre de l'Energie et les 110 milliards de dollars de dépenses prévues par la loi de finances 2015, il y a de quoi s'inquiéter pour les équilibres financiers du pays. Il faut savoir que la baisse du prix du baril de pétrole, qui a perdu 30% de sa valeur depuis le mois de juin 2014, passant de 115 dollars à moins de 80 dollars, pourrait se poursuivre jusqu'en 2015, sauf, retournement inattendu de situation. Le sursaut salutaire pour les pays producteurs pourrait venir du côté de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) dont la réunion est prévue le 27 novembre, mais les pronostics quant à une décision pouvant endiguer la baisse des cours ne sont pas légion. Bien au contraire, le chef de file des pays membres de l'organisation, l'Arabie Saoudite, ne semble pas montrer une volonté ferme de soutenir une baisse de la production pour favoriser une reprise des cours. L'option prise par le riche royaume du Golfe il y a quelques semaines en faveur de la réduction des prix de ses exportations en contrepartie de parts de marché supplémentaires en Europe et en Asie, suite à la réduction de ses ventes aux Etats-Unis, n'est pas un indice encourageant. La dernière déclaration de Ali Al Nouaïmi, ministre saoudien du Pétrole, n'a rien de rassurant en effet, puisqu'il n'a fait mention d'aucune intention de réduction de la production. Tout ce qu'il a dit c'est qu'«il voulait un marché du pétrole stable, des prix solides et ne pas s'engager dans une guerre des prix». Autrement dit, tout serait bien à ses yeux, «si les prix se stabilisaient au niveau actuel», estiment les analystes. L'Arabie Saoudite, dont les ventes en hausse peuvent compenser la perte due à la baisse des prix, n'est pas du tout dans la position de pays comme le Venezuela, le Nigeria et l'Algérie, qui risquent un déraillement du déficit et une chute de la croissance si le prix du pétrole se maintient durablement sous la barre des 100 dollars. Il est à noter que les prix du pétrole ont légèrement rebondi hier, en cours d'échanges européens, après la publication des chiffres de la croissance au troisième trimestre en zone euro. Vers 12h (heure algérienne), le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en janvier, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, valait 78,23 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 74 cents par rapport à la clôture de jeudi.