Se souvient-on de l'Irak, soumis à un impitoyable embargo après son invasion du Koweït, en juillet 1990 ? Les Irakiens, très certainement pour avoir vu leur pays non seulement perdre sa souveraineté, ne pouvant plus seul vendre son pétrole et faire ses propres affaires. Et n'étant plus maître de ses moyens, il ne pouvait donc poursuivre la politique qu'il menait envers sa population. Un réel désastre en très peu de temps. L'Irak, disait-on de lui, retournait au moyen-âge, lui, le pays qui était en avance dans nombre de domaines, notamment l'éradication de certains fléaux et maladies. Faute de médicaments et, en amont, de soins et de traitements préventifs, l'Irak ne pouvait empêcher le retour de ces maladies, décrites alors comme celles de siècles passés, ou encore du sous-développement dans sa forme la plus hideuse et la plus désastreuse. Une catastrophe qui frapperait aussi, si ce n'est déjà le cas, la Syrie voisine avec l'apparition de trois cas de myiase près de Damas, une maladie mutilante due aux mauvaises conditions d'hygiène. Cela se passe dans une zone contrôlée par les rebelles, mais dont les habitants manquent de produits alimentaires et de matériels médicaux. La myiase est une affection causée par des mouches qui déposent leurs œufs dans les plaies. Elle n'est pas mortelle pour l'homme, mais son apparition dans une région est le signe de la dégradation des conditions de vie dans ce pays ravagé par la guerre, a souligné l'Organisation mondiale de la santé (OMS). L'organisation onusienne a déjà lancé l'alerte pour une réapparition de la polio dans le nord de la Syrie où la tuberculose, la typhoïde et la gale sont à nouveau endémiques. Mais en fait, il s'agirait de toute la Syrie qui est aujourd'hui dépourvue de moyens. Ainsi en est-il de la capitale, Damas, qui dispose habituellement de 350 000 m3 d'eau potable par jour et qui en a perdu les deux tiers, affirme l'OMS. Il reste que la Syrie, bien malgré elle, est en train de battre de sinistres records. La Syrie est en proie au «plus grand déclin éducatif» jamais vu dans la région Les enfants syriens ont subi «le plus rapide et le plus net déclin éducatif» jamais vu au Moyen-Orient, ont assuré l'ONU et plusieurs organisations non gouvernementales dans un rapport publié en décembre 2013. «Près de trois années de conflit brutal en Syrie ont inversé les progrès réalisés en plus d'une décennie dans l'éducation», ont affirmé l'Unicef, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et les ONG Save the Children et World Vision. «Alors que la Syrie enregistrait certains des meilleurs indicateurs sur l'éducation au Moyen-Orient, le déclin a été 'le plus rapide et le plus net' (...) de toute la région», indique le rapport. Le conflit a forcé près de la moitié de la population (22,8 millions d'habitants avant la guerre) à fuir leurs foyers, tandis que trois Syriens sur quatre vivent désormais dans la pauvreté et plus de la moitié (54,3%) dans l'extrême pauvreté. Ce qui est encore plus dramatique, c'est que la guerre en Syrie est passée sous silence. L'ONU et ses institutions spécialisées font leur travail, ou plutôt, devrait-on dire, elles font ce qu'elles sont autorisées à faire, alors que ce pays est renvoyé lui aussi au moyen-âge, avec par ailleurs un incroyable démembrement et un retournement de situation qui ont fait oublier ce que la révolution syrienne était à ses débuts. En ce sens, un haut officiel de l'ONU faisait état, en octobre 2013, d'environ 2000 groupes d'opposition armés qui s'affrontent entre eux, rendant plus difficile le travail des agents humanitaires internationaux. De cela, il n'en est plus question. Quand alors en parlera-t-on, qui le fera et sous quelle forme ?