Ali Fawzi Rebaïne cultive sa singularité. Pour l'ancien candidat à la présidentielle et président de Ahd 54, la situation intérieure du pays n'est pas bonne. Selon lui, les événements tragiques qu'a connus la ville de Touggourt sont symptomatiques des drames que le pays risque de connaître à l'avenir. «Si les Algériens qui demandent de meilleures conditions de vie ou un logement se font tuer comme cela s'est passé à Touggourt, il faut s'attendre à d'autres tragédies», s'est exclamé M. Rebaïne, qui fustige les premières décisions annoncées par le ministre de l'Intérieur, TayebBelaïz, à l'encontre des chefs de daïra et de sûreté de la wilaya. «Le ministre limoge des lampistes, mais préserve les vrais responsables de cette tragédie», a-t-il déclaré. Au plan économique, le président de Ahd 54 affirme que le régime va rapidement être confronté aux conséquences directes de la chute des prix du pétrole. En cela, il n'exclut pas le retour des mouvements de rue. «Le régime ne pourra plus, très bientôt, continuer à acheter la paix sociale, juge-t-il. Il va être confronté à toutes les promesses qu'il ne peux plus tenir.» Pour Ali Fawzi Rebaïne, le pays est gangrené par la corruption. Il dénonce la totale impunité dont bénéficient ceux qui sont au pouvoir et demande à Amar Saadani, secrétaire général du FLN, Abdessalem Bouchouareb, ministre de l'Industrie et des Mines, mais également à l'ancien ministre Cherif Rahmani, des noms qui sont apparus dans des affaires rapportées par la presse, de s'expliquer.«Si ces personnes sont innocentes, elles doivent le dire au peuple», a-t-il réclamé. Autre cible du président de Ahd 54 : le Forum des chefs d'entreprises (FCE) qui a élu à l'unanimité son nouveau président, Ali Haddad. S'il se refuse d'attaquer, comme l'a fait Louisa Hanoune, le nouveau président du FCE, M. Rebaïne dénonce les passerelles qui se sont créées entre le monde de l'argent et les partis politiques. Pour lui, l'argent est aujourd'hui au cœur de certaines formations politiques. «Ce sont ces milliardaires qui vont diriger l'Algérie de demain si on ne fait rien», s'est-il exclamé. Sur le plan politique, le patron de Ahd 54 est revenu sur les deux initiatives que proposent le Front des forces socialistes (FFS) et la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD). S'il estime que tous les Algériens «ont le droit de faire des propositions», il juge que les deux initiatives ont la même finalité : dialoguer avec le régime. «Même si la CNLTD demande la mise en place d'une présidentielle anticipée et l'application de l'article 88, elle veut, comme le FFS, engager un dialogue avec le régime», affirme Ali Fawzi Rebaïne, qui penche plutôt pour une troisième voie : un gouvernement d'union nationale «avec des ministères de souveraineté pour l'opposition» et une période de transition d'une année.