La violence verbale et physique, l'hostilité et la nervosité excessive sont des phénomènes préoccupants qui ont envahi le quotidien de la société algérienne. Devant la montée de ce fléau, les spécialistes ne cessent de se poser la question sur la genèse de ces comportements qui influent négativement sur l'épanouissement et l'équilibre de la société. Qui est responsable de cette violence dans laquelle sont plongées presque toutes les couches sociales, jeunes ou adultes ? A l'école, sur la voie publique, dans les stades, au marché…, c'est le même scénario de scènes désolantes, de poussées d'agressivité. A ce sujet, une journée d'étude a récemment eu lieu au sein de la grande salle de la fac de droit de l'université Yahia Farès de Médéa. Ayant une dimension importante, cet événement a vu la présence du ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, qui a donné le coup d'envoi des travaux, précédé par une intervention traitant du sujet sous l'angle religieux. Plusieurs intervenants ont pris la parole pour situer et approfondir les causes de ce fléau destructeur de la violence sous tous ses aspects. Tous s'accordent à dire que le problème est complexe et le constat ne date pas d'hier, mais il a empiré depuis la tragédie nationale des années 1990. Le nombre d'agressions et de disputes connaît un accroissement inquiétant, selon les tableaux des statistiques présentés par le représentant de la Gendarmerie nationale et du ministère de la Justice. Le représentant de la police a axé, quant à lui, son intervention sur la violence dans les stades. Il a souligné que le manque d'équipements et de commodités au niveau de ces infrastructures sportives ne contribue pas au maintien de l'ordre, et les supporters, qui ne trouvent pas des enceintes sportives accueillantes, — absence de buvettes, pas de musique agrémentant l'esprit durant la mi-temps — tombent dans les injures et invectives faisant monter la pression. Les conférenciers se joignent pour dire que la violence n'est, en définitive, que la conséquence de la perte des notions éducatives de base au sein de la famille, première cellule sociale. «C'est bien beau de désigner la famille comme bouc émissaire du mal, mais d'autres causes comme la misère et la précarité auxquelles sont confrontées des couches sociales de la population dont le nombre est loin d'être négligeable», insiste un participant. Le phénomène de la violence dans la société algérienne est aussi accentué par la défaillance de la communication du haut vers le bas. Rien que pour l'exemple, les personnes lésées dans leur droit absolu préfèrent user de violence en barrant les routes et en brûlant des pneus, et ce, en l'absence de dialogue. De l'avis de plusieurs participants, l'amplification de la violence au sein de la société est due à l'excès de «hogra», de l'injustice sociale, la répartition inégale des richesses, l'absence de la culture des droits de l'homme. La violence est un mal qui ronge notre société. Il faut la prendre en charge à temps et avec sérieux avant qu'elle n'atteigne des seuils intolérables en instituant les voix du dialogue. Cela serait le meilleur moyen pour contrecarrer son avancée.