Ecartelée entre son profond désir de préserver les bases d'une formation purement classique et l'intime détermination d'actualiser sa passion de toujours, Soraya Sbiri, jeune prodige lyrique, effigie féminine de la musique andalouse constantinoise, s'évertue en dépit des contre-courants conservateurs à rabouter à travers des compositions eurythmiques inédites, passé et présent, traditionnel et moderne, bref... tendance et style ! A l'appui de sa quête musicale, l'artiste table essentiellement sur sa voix de cantatrice accompagnée des accords revisités mêlant timbre malouf et rythmes flamenco, grattés sur les cordes de sa guitare sèche. Aussi, en s'écartant des sentiers battus entretenus et empruntés jusqu'alors par adeptes et disciples conformistes du répertoire traditionnel, pour se frayer une voie où la verve est seul guide pour la création, notre amateur avait inconsciemment déchaîné les esprits dénigrants, en plus de susciter l'indignation des maîtres qui boudent sa conception « un peu trop moderniste » à leur goût. Pourtant, Soraya est une élève de la vieille école puisque très jeune elle entame en 1979 des cours de solfège et s'initie à une maîtrise instrumentale optant pour le luth au sein de l'école de musique El Inchirah. S'ensuivent des adhésions aux associations culturelles El Fergania puis El Bestandjia où son apprentissage évolue orienté par l'oreille critique des pontes du malouf. Au terme d'un cursus qui aura frôlé vingt années, jalonné d'illustres prestations et participations dans le festival de la musique andalouse à Tlemcen, le festival du printemps andalou d'Alger ou encore le prestigieux festival du malouf de Constantine, la concertiste s'essaye en 1997 dans le groupe Ichbilia, une expérience si vite avortée compte tenu des divergences de credo et de priorités exprimées par les différents membres du « band ». C'est désormais en cavalier seul et munie d'un diplôme en art lyrique qu'elle compte explorer les vierges contrées de la mélodie... et la chance lui sourit enfin lorsqu'elle rencontre le réalisateur Mahmoud Djedaï qui lui confie en 1998 la conception de la musique générique de son documentaire Sakiet Sidi Youcef. Le résultat, plus que probant, lui vaudra d'autres œuvres acoustiques confiées par les soins du même cinéaste, notamment la signature des musiques de deux autres films documentaires, à savoir Annaba bled el anneb et Bona la royale. L'artiste qui se plaît au jeu de la composition enchaîne avec son chef-d'œuvre, en peaufinant la musique qui accompagne magnifiquement le scénario de Saint Augustin fils de Taghast, produit en 2001 en collaboration avec l'ENTV. Par ailleurs, Soraya essaye de décalquer son amour pour la musique dans sa vie professionnelle. Cadre à la direction de la jeunesse et des sports, occupant le poste d'éducatrice spécialisée, elle assure des formations de musique, de photographie et de caméra vidéo et ce à la maison de jeunes Ahmed Saâdi ou encore au centre culturel de la commune de Didouche Mourad. Sa plus récente activité se trouve être sa nomination en qualité de démultiplicateur du programme Euromed pour la wilaya de Constantine, conçu au profit des jeunes branchés art... comme elle !