Universitaires et militants associatifs plaident pour la consécration de la notion de citoyenneté. Telle a été l'idée forte de la table ronde organisée, jeudi, à la bibliothèque Paroles et Ecritures de Sidi Bel Abbés, dans le cadre de la campagne 2014 de lutte conte les violences faites aux femmes ayant débuté le 25 novembre dernier. Animée par Omar Mrah, président du club Banquet de Platon et de Malika Remaoun, consultante et présidente de l'association pour l'épanouissement de la personne (Afepec), en présence d'universitaires, de militants associatifs, cette rencontre a été l'occasion d'aborder les différents aspects et les causes profondes des violences subies par les femmes. «Malgré les grands progrès dans le monde et les multiples mesures prises visant à réduire, condamner et éliminer ces violences, celles-ci continuent à s'exercer dans l'espace privé et l'espace public (…) d'où la nécessité de repenser l'intervention et l'action concertée de toutes les institutions et organisations concernées par l'élimination de ces violences», note, d'emblée, la représentante de l'Afepec. Tout en soulignant la nécessité de consacrer la notion de citoyenneté pour juguler le phénomène de la violence, le docteur Arbaoui, enseignant en philosophie à l'université Djilali Liabés, est revenu sur le concept de la dominance masculine et des «systèmes inconscients» dans la reproduction du rapport de dominance/soumission. Se référant aux travaux du philosophe français Paul-Michel Foucault, le Dr Arbaoui a d'abord tenu à faire le distinguo entre «violence réelle» et «violence symbolique» laquelle s'exprime, a-t-il rappelé, essentiellement par les voies purement symboliques de la communication et de la connaissance. «La vérité n'est pas dans le dit, mais dans le non-dit», dit-il, préconisant une approche pluridisciplinaire du phénomène pour mieux le cerner et en saisir les mécanismes dans des sociétés telles que la nôtre. Pour lui, «certaines théories féministes dominantes ne sont pas idéologiquement neutres, et dans le cas de l'Algérie, elles sont appelées à être repensées pour lutter efficacement contre ce fléau que constitue les violences contre les femmes». Et d'ajouter : «Toute vision biaisée de la société, ignorant ses spécificités, conduira à des formes de luttes inopérantes». Il avance en ce sens une piste de réflexion : concentrer les efforts des différents intervenants (chercheurs, mouvement associatif, institutions) en direction des populations vivant à la marge de la société où le phénomène de la violence se pose en termes plus complexes. Lors des débats, Sadek Benjoudi, militant associatif, a estimé que la lutte contre les violences faites aux femmes est d'abord l'affaire des hommes. «Il ne s'agit pas d'un phénomène marginal, strictement conjugal, mais d'une contrainte majeure au développement et à l'épanouissement de la société». Pour M. Sellami, psychologue, les défaillances institutionnelles en matière de protection de la femme dans une société complètement déstructurée appellent une large mobilisation du mouvement associatif pour contrer le phénomène de la violence. Précisons que cette campagne est organisée dans le cadre du projet «Réseau de jeunes pour l'égalité entre les femmes et les hommes» réalisé par l'Afepec, en partenariat avec GDM Med France et soutenu par la commission européenne. La campagne 2014 est organisée en collaboration avec une trentaine de partenaires à Oran, Sidi Bel Abbés, Mostaganem, Tiaret, Annaba, Alger, Tizi Ouzou, Bejaia et Batna.