Photo : Riad De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Si elles ne parviennent pas encore à s'ancrer suffisamment et pleinement dans la société civile ni à influer comme elles le souhaiteraient sur la politique du gouvernement, plusieurs associations ont quand même réussi à imprimer leur marque dans le paysage social oranais et, comme le pensent un certain nombre de militants, à ouvrir les yeux des citoyens sur certaines vérités. Ce constat est particulièrement vrai pour l'Association féminine pour l'épanouissement de la personne et l'exercice de la citoyenneté (Afepec) qui, depuis de très longues années, lutte pour changer le statut de la femme algérienne et lui ouvrir la voie vers cette citoyenneté qui lui permettra de s'émanciper de la tutelle de l'homme, de toutes les dérives qui en font un être de seconde zone. «Notre propos est de travailler sur l'autonomie et non pas sur l'assistanat», a souvent souligné la présidente, Malika Remaoun, en rappelant certaines des actions entreprises jusqu'ici par l'Afepec. Outre la sensibilisation des femmes sur leurs droits qu'elles sont encore nombreuses à ignorer, l'association est notamment à l'origine de la création du centre des droits des femmes, dans le quartier populaire de Victor Hugo. Visant à la diffusion de la notion d'égalité des chances et de la culture égalitaire, ce centre offre également une écoute, un soutien psychologique et une aide juridique. Après six années de travail, le centre a accueilli des centaines de femmes en difficulté et, grâce aux différentes activités comme la formation, l'alphabétisation, les animations culturelles, l'information, beaucoup d'entre elles sont arrivées à se prendre en charge et à affronter leurs problèmes tandis que d'autres sont parvenues à un degré d'autonomie et d'émancipation qui leur permet d'assumer des activités du centre et à encadrer les nouvelles venues. Des «victoires» qui permettent à l'Afepec de poursuivre la lutte contre le code de la famille, pour un «statut juridique qui assurerait à la femme une citoyenneté pleine et entière» et la libérerait des mille et une violences qui lui sont faites quotidiennement par une société encore très peu encline à reconnaître ses torts. «Nous restons toujours otages des vieilles attitudes qui interdisent aux femmes de porter plainte contre leurs conjoints et qui, souvent, leur dénient le statut de victimes», déplore-t-on parmi les militants des droits de la femme, notamment en l'absence de structures d'accompagnement et de soutien pour les femmes battues. Sur un autre registre, deux associations pour la préservation et la protection du patrimoine, en l'occurrence Bel Horizon et Santé Sidi El Houari, ont démontré qu'il suffit de peu de moyens et de beaucoup de volonté pour réussir là où des structures d'Etat, avec ce qu'il faut comme moyens humains et matériels, ont échoué. L'une a réussi à rendre à Santa Cruz sa sécurité et ses visiteurs et l'autre à réhabiliter des bains turcs qui étaient devenus une décharge publique dont les habitants de Sidi El Houari se servaient sans état d'âme. Par leurs actions combinées, ces deux associations -dont les présidents font aujourd'hui partie des dirigeants de l'hôtel de ville- sont parvenues, à la fois, à récupérer des vestiges historiques rares et à impliquer des dizaines de jeunes dans cette lutte pour la préservation de la mémoire oranaise. Comme ces associations, la wilaya d'Oran en compte quelques dizaines qui, malgré de faibles moyens et le peu de répondant des autorités locales, activent pour «changer les choses», comme l'expliquent généralement des militants pas très satisfaits de la situation actuelle. «Même si ce n'est pas toujours facile, s'organiser en association est le seul moyen de faire bouger les choses», affirment-ils en appelant de leurs vœux un soutien plus appuyé de l'Etat.