L'universitaire chercheur Hassan Remaoun a donné, jeudi au cercle culturel Ibn Tachefint, le cours inaugural de l'université populaire ou citoyenne, un projet initié à Oran par un groupe de militants de la société civile de la mouvance démocratique, dont l'association féminine AFEPEC. Parmi les personnalités invitées à cette rencontre, le directeur d'El Watan, Omar Belhouchet, qui a répondu à l'invitation et est intervenu brièvement pour réitérer l'attachement du journal aux valeurs citoyennes et à la promotion de la démocratie en soutenant fortement ce type d'initiatives. Une ONG italienne, ARCI, a également été représentée à l'occasion. La porte-parole de ce vaste réseau associatif a particulièrement insisté sur la solidarité internationale et la nécessité de se constituer en réseaux pour militer de manière efficace. Ayant dès le début adhéré aux démarches ayant présidé à la naissance de cette instance, la moudjahida Annie Steiner, ancienne militante de la cause nationale, a apporté un témoignage émouvant en sa qualité d'ancienne prisonnière à Barberousse, où elle a rencontré, à l'âge de 28 ans, deux condamnées à mort algériennes de 20 ans qui l'ont fortement marquée. Dans la présentation qu'il a faite, Arab Izeroukène a expliqué que « les initiateurs du projet ont opté pour la terminologie université pour ses aspects pédagogiques mais aussi parce que c'est un lieu de débat et un espace de formation et où se prépare l'Algérie de demain ». Le programme est orienté vers les jeunes par le biais de formations de six mois. Compte tenu du constat de la rupture des liens sociaux entre les gouverneurs et les gouvernés, les femmes et les hommes, etc., il mettra en avant le principe d'une citoyenneté se construisant d'abord localement mais qui n'écarte pas la possibilité de tirer profit des expériences menées dans le monde. M. Arab, à qui est revenu la tâche d'expliquer le rôle et les contenus qui vont caractériser cette initiative, a tenu à préciser que le choix du 20 avril pour le lancement de cette université n'est pas fortuit car cette date, coïncidant avec le printemps amazighe et les événements de 1980, est également symbolique de la lutte des Algériens pour leur émancipation. Deux jeunes, un garçon et une fille, représentants de la première promotion de cette université de la citoyenneté, sont également intervenus, comme pour donner le coup d'envoi du côté des premiers concernés. Symbolique, le cours inaugural en question a retracé l'évolution du concept de citoyenneté dans le monde et à travers l'histoire. M. Remaoun passe de la conception grecque antique à la définition romaine puis à l'acception de cette notion avec l'avènement de la révolution française mais aussi à la lumière de l'apparition des Etats-nations. Pour le cas de l'Algérie, il étudiera les conséquences de la citoyenneté de deuxième catégorie imposée par le pouvoir colonial par le bais du code de l'indigénat et l'apparition du mouvement national. Les événements d'octobre 88 et leur incidence sur la vie politique nationale ont également été mis à l'ordre du jour. Enfin, en l'absence du premier magistrat de la ville, invité lui aussi parmi l'assistance, on pouvait distinguer certains militants d'autres partis, d'obédience nationaliste par exemple, comme le FLN représenté par un député, sans doute pour satisfaire une curiosité.