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L'UE va établir un groupe ad-hoc pour évaluer l'impact de cendres volcaniques sur l'économie Au-delà de la paralysie du trafic aérien, les conséquences économiques
Depuis mercredi, l'éruption du volcan Eyjafjöll sous le glacier Eyjafjallajokull, au sud de l'Islande, perturbe la quasi-totalité du trafic aérien européen. Après 187ans de repos, il s'est réveillé, provoquant le chaos dans le ciel européen. Du jamais vu, même après les attentats du 11 septembre. Une simple éruption volcanique et c'est tout le système qui s'enraye. En quatre jours, près de 70 000 vols ont du être annulés dans une trentaine de pays européens. C'est un rappel à l'ordre de la nature : un nuage de cendres et c'est, au-delà de la plus grande paralysie du trafic aérien, la démonstration de la fragilité de notre système mondialisé dont les conséquences économiques, nous dit-on, seront énormes. A ce propos, le président de la Commission européenne (CE), Jose Manuel Barroso, a déclaré, avant-hier, avoir décidé de mettre en place un groupe ad hoc chargé d'évaluer l'impact du nuage de cendres volcaniques sur l'industrie du voyage aérien et sur l'économie dans son ensemble. D'ailleurs, il a indiqué dans un communiqué de presse que le nuage de cendres volcaniques a créé une situation sans précédent et qu'il est essentiel que des mesures soient envisagées et coordonnées au niveau européen. En outre, l'Association internationale du transport aérien (IATA) pour qui la réaction des gouvernements européens s'est révélée jusqu'à présent inadéquate, a estimé, hier, que cette éruption volcanique aura des conséquences économiques des plus graves sur le secteur. D'ailleurs, le directeur général de l'IATA,Giovanni Bisignani, a relevé ses estimations de perte de chiffre d'affaires des compagnies aériennes à 250 millions de dollars, soit 186 millions d'euros par jour, contre une précédente estimation de 200 millions annoncée vendredi. Et cette nouvelle prévision porte à plus d'un milliard de dollars le manque à gagner des transporteurs aériens depuis le début de l'éruption du volcan Eyjafjöll. Par ailleurs, "une fois la réouverture de l'espace aérien acquise, il faudrait trois à six jours pour rétablir une situation de transport normal", a estimé M. Bisignani. "D'ailleurs, nous voulons exprimer notre insatisfaction car il n'y a pas eu de coordination et de leadership au niveau européen. Il aura fallu cinq jours aux ministres des Transports pour organiser une téléconférence qui a enfin eu lieu aujourd'hui", a-t-il ajouté au cours d'une rencontre organisée par l'Association des journalistes professionnels de l'aéronautique et de l'espace. "Le volcan a paralysé le transport aérien, dans un premier temps en Europe mais maintenant les conséquences sont mondiales. L'impact économique (sur le secteur) est désormais plus important que le 11 septembre, quand l'espace aérien américain a été fermé pendant trois jours", a-t-il souligné. Dans le même sens, sur les marchés d'actions, les titres des compagnies aériennes européennes ont été sanctionnées. Vers 13h30, Air France-KLM reculait de 5,2% à 11,785 euros, tandis que Lufthansa perdait 4,2% à Francfort et British Airways 3,4% à Londres, l'indice sectoriel européen reculant lui-même de 1,95%. A ce propos, d'ailleurs, le directeur général d'Air France-KLM, Pierre-Henri Gourgeon, a déclaré lors d'une conférence de presse que chaque journée d'interruption de trafic se solderait par une perte nette de 35 millions d'euros pour la compagnie franco-néerlandaise. Aussi, la note risque d'être salée pour l'opérateur aéroportuaire ADP, dont le titre cédait 1,8%, car le trafic perdu depuis jeudi ne pourra probablement pas être intégralement rattrapé. Par ailleurs, le DG de l'IATA a appelé à des actions urgentes pour rouvrir l'espace aérien, réclamant notamment une réunion de l'organisation internationale de l'aviation civile (ICAO). Il a indiqué à ce sujet : "Nous devons nous écarter de cette fermeture de précaution et trouver des moyens de rouvrir l'espace aérien de manière flexible, étape par étape. Nous devons prendre des décisions sur la base de la situation réelle et non pas de modèles théoriques", a-t-il ajouté. Selon Eurocontrol, organisation intergouvernementale européenne en charge de la navigation aérienne civile, seuls 30% des vols ont été assurés hier en Europe, soit quelque 8 000 à 9 000 vols, contre 28 000 en période normale. A ce propos, depuis dimanche Lufthansa et Air France-KLM, notamment, font voler des appareils sans passager afin d'établir des routes où l'impact des particules fines dégagées par le volcan sur les réacteurs est jugé suffisamment faible pour reprendre des vols commerciaux si les autorités le permettent. D'un autre côté, "la Commission européenne se tient prête à revoir ses lignes directrices en matière d'aides d'Etat à destination des compagnies aériennes affectées par cette catastrophe", a déclaré, hier, le commissaire à la Concurrence, Joaquin Almunia. "Si les Etats membres décident de soutenir (le secteur) par des aides publiques et selon les conditions définies pour que les aides publiques ne soient pas discriminatoires, nous sommes prêts à les envisager dans un cadre semblable à celui mis en place après le 11-Septembre", a-t-il dit. Après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, Bruxelles avait autorisé des aides publiques compensant les pertes des compagnies aériennes résultant directement des attentats et avait également permis de faciliter la coordination de leur capacité. Interrogée sur cette possibilité lors du point de presse quotidien de la Commission européenne, la porte-parole de Joaquin Almunia a indiqué que cette actualisation des lignes directrices pourrait être réalisée "en quelques jours". Pour être autorisée, l'aide devra obéir à un principe de non discrimination entre toutes les compagnies européennes, être calculée de manière objective et être limitée aux coûts d'interruption du trafic, a précisé la porte-parole, ajoutant qu'"il ne peut pas s'agir d'une aide déguisée à la restructuration". Elle a également expliqué qu'il faudrait au préalable que les compagnies quantifient leurs pertes et que les Etats membres se déclarent prêts à leur venir en aide. Enfin, Joaquin Almunia, qui juge "exceptionnelles" les circonstances actuelles, devait se réunir hier avec son homologue responsable des transports, Siim Kallas, ainsi qu'avec Olli Rehn, le commissaire aux Affaires économiques et monétaires, afin de discuter des conséquences de cette interruption de trafic pour l'ensemble de l'économie européenne. Pour information, la vraie inquiétude des vulcanologues ne repose pas uniquement sur les gigantesques colonnes de fumée qui s'échappent actuellement du Eyjafjöll. Un autre volcan, à quelques kilomètres de là, est surveillé de près par les autorités islandaises. Le Katla fait partie de la zone volcanique dans le Sud de l'Islande où se situe l'Eyjafjöll. Il est considéré comme lié à l'Eyjafjöll. Or le Katla est l'un des volcans islandais les plus actifs et les plus destructeurs par le passé. Si la dernière éruption de Katla remonte à 1918, et si le géant endormi ne montre aucun signe d'activité, les Islandais savent, en effet, que ses éruptions ont souvent par le passé suivi un an ou deux après une première éruption de l'Eyjafjöll. "Ce n'est pas vraiment la question de savoir s'il va entrer en éruption, mais plutôt quand (...) Et là, on aura un vrai problème", a confié, ce week-end, un Islandais à un journaliste de la télévision française TF1.