La nouvelle macabre, portant sur le décès avant-hier de Mohamed Mounib Sandid , le wali de Annaba, dans une clinique à Paris a drainé une foule nombreuse au siège de la wilaya, avons-nous constaté sur place. Des sénateurs, des chefs de daïra, des maires, des élus locaux et des citoyens se sont bousculés pour présenter leurs condoléances à son fils au niveau du grand salon, affecté pour la circonstance. Toute l'assistance était unanime quant à l'engagement exemplaire du désormais défunt wali pour le développement de la wilaya de Annaba qu'écume, malheureusement, une caste de barons intouchables. Installé dans ses fonctions de premier responsable depuis octobre 2013, en remplacement à Mohamed El Ghazi, Mohamed Mounib Sendid ne soupçonnait pas la dangerosité de ce cadeau empoisonné. Le premier indicateur lui était venu de la bouche de Tayeb Belaïz, le ministre de l'Intérieur, lors de la cérémonie de son installation lorsqu'il avait révélé que : «Depuis 2009, seuls 24% d'un budget total de 362 milliards de dinars ont été consommés au détriment du développement de la wilaya.» Le second, l'avait constaté de lui-même dans le traitement des dossiers d'investissement du dispositif Calpiref qui s'entassaient dans son administration, sans qu'ils soient libérés pour secouer la machine économique locale. En contrepartie, ceux détenus par les barons locaux, dont la quasi-totalité porte sur des projets de promotion immobilière, passent sans contrainte aucune. A partir de là, le chef de l'exécutif avait commencé à subir les pressions de toutes parts, émanant de personnalités militaires et politiques. Sous des prêts noms, des hauts gradés de l'armée et des chefs de parti, acquis à la thèse du pouvoir en place, intervenaient pour s'accaparer du foncier local, toujours dans le cadre du Calpiref, au préjudice du développement économique durable, créateur d'emploi et de richesses. L'ex-chef de l'exécutif a-t-il sous-estimé le défi à relever sans mesurer le degré des pressions à subir ? Oui, répondent à l'unanimité les citoyens de Annaba, tous statuts confondus. Pis, l'incompétence de son exécutif et la faiblesse caractérisée des élus locaux n'ont fait que confirmer son isolement qui, inévitablement, a nourri depuis les dernières semaines son stress. Au final, ces pressions aggravées par des intimidations l'ont amené à payer de sa santé. En effet, les dégâts n'ont pas tardé à venir. Dans la soirée du 25 octobre, ce premier responsable a été victime d'un infarctus ayant nécessité son hospitalisation directe au service de cardiologie de l'hôpital Ibn Sina de Annaba. Son état jugé grave, il a été décidé de le transférer, le 27 novembre à bord d'un avion sanitaire d'Europ Assistance, de l'aéroport international Rabah Bitat de Annaba vers l'hôpital privé IMM, où il a rendu l'âme après près d'un mois d'hospitalisation. Il sera inhumé aujourd'hui au cimetière Koudia de Constantine après la prière du mort à de la mosquée Emir Abdelkader. Transférée depuis Paris vers Alger, sa dépouille est arrivée hier vers minuit à Constantine, sa ville natale, à bord d'un vol spécial. Agé de 60 ans, Mohamed Mounib Sendid a laissé derrière lui une veuve et quatre enfants dont l'aîné était hier inconsolable.