La quête de nouvelles ressources de substitution aux recettes pétrolières s'appuie sur d'aléatoires alternatives. Alors qu'un énième espoir d'une remontée des cours du pétrole au-dessus de 80 dollars le baril en 2015 semble compromis, le gouvernement se met à explorer des pistes budgétaires occultées pendant plusieurs années. Sa quête de nouvelles ressources s'appuie sur trois piliers. Deux d'entre eux se révèlent pour le moins fragiles et, pour ainsi dire, incapables de substituer, de sitôt, au budget de l'Etat. Dans une lettre adressée aux membres du gouvernement, aux walis et à la direction de la Fonction publique, le Premier ministre a appelé à redoubler d'efforts dans l'acte de recouvrement de la fiscalité ordinaire, l'intégration du secteur informel dans l'activité officielle et l'amélioration du recouvrement des différentes taxes. Le gouvernement veut faire donc de la fiscalité ordinaire une source financière après l'avoir abandonnée pendant les années de forte contribution du secteur énergétique. Cependant, les révélations de la Cour des comptes sont édifiantes : les restes à recouvrer de la fiscalité ordinaire culminent au-dessus de 9000 milliards de dinars à fin 2012. Un peu plus de la moitié de cette fiscalité ordinaire non recouvrée (9627 milliards de dinars) représente des amendes judiciaires et des dettes fiscales d'entreprises publiques dissoutes. Devant une telle situation, cette première arme du gouvernement face à la raréfaction des ressources risque d'être un simple feu de bois, faute d'une politique fiscale à long terme. Le diagnostic de la Cour des comptes en la matière est juste ; plusieurs facteurs entravent la mise en œuvre convenable des nombreuses mesures de réformes fiscales. La fiscalité ordinaire concourt à moins de 50% au budget de l'Etat. Son poids est tributaire, non seulement d'une meilleure politique de collecte, mais surtout de l'existence d'un tissu industriel et productif rentable et prospère. Le gouvernement parle également de plus en plus de sa décision de mettre les banques et la Bourse à contribution dans le financement de certains projets d'équipement. Il n'hésite pas à fustiger le non-aboutissement des réformes bancaires censées permettre, dans pareille situation, une meilleure canalisation de l'épargne, voire un meilleur usage. L'ambition de l'Exécutif de mobiliser d'autres financements substitutifs à l'argent public s'écrase contre un marché financier à l'état primitif. Sur le terrain, le très rigide commerce informel s'abstient de s'intégrer dans les circuits formels. Le gouvernement, pris en tenaille entre ce qu'il appelle «la fonction sociale de l'informel» et le besoin de canaliser ses ressources, ne sait pas encore comment s'y prendre. En réalité, le gouvernement a déjà montré son incapacité à lutter contre l'informel. Il a rapidement abandonné ses ambitions de «nettoyer» les villes du pays. L'Exécutif se cache ainsi derrière de faux leviers de substitution à l'argent du pétrole. L'économie algérienne, au-delà du traitement conjoncturel que l'on a tenté de prescrire à la crise, souffre d'énormes déséquilibres structuraux auxquels les cures d'amaigrissement sont désespérément insuffisantes.