Quand bien même la réglementation est claire en la matière, les pétards en tous genres, bien qu'interdits, sont étalés sur les places publiques, les marchés et les grands boulevards de Ghardaïa et de sa périphérie avant, pendant et après le Mawlid. En effet, le décret 63-291 du 2 août 1963 interdit formellement aussi bien la fabrication que la vente des pétards et produits pyrotechniques. Il est par ailleurs précisé dans son article 1 que tant la fabrication, l'importation que la vente de pétards et tous articles pyrotechniques du genre bombe, cartouche ou bombe fantaisie sont prohibés sur le territoire national. Le jet de pétards sur la voie publique est également interdit (article 2). Les contrevenants aux dispositions des 1er et 2e articles sont passibles de peines pouvant aller jusqu'à deux mois d'emprisonnement et d'une amende, outre la confiscation des articles pyrotechniques, selon le décret. C'est dire que le législateur algérien a prévu des lois en la matière, c'est leur application qui peine à être concrétisée sur le terrain. Mais la fête du Mawlid Ennabaoui, tradition religieuse jalousement conservée, et en parallèle aux diverses manifestations religieuses programmées dans les mosquées à travers la wilaya de Ghardaïa, doit être fêtée tel qu'il se doit par les familles algériennes qui, quelquefois, jouent même avec la santé et la sécurité de leurs enfants en acceptant de les laisser jouer avec ces pétards, d'une dangerosité qui n'a rien à voir avec les pétards d'antan. Preuve en est, ce déferlement de tables de revendeurs de ces feux pyrotechniques installés sur tous les boulevards, places et même dans quelques ruelles de la ville de Ghardaïa au vu et au su des autorités et surtout des services censés les interdire. Des pétards de toutes sortes et de toutes tailles avec des noms aussi bizarres que terrifiants. Rush des familles à TEM A Theniet El Makhzen, quartier populeux et populaire de la commune de Ghardaïa, dont l'avenue du 1er Novembre, longue de 3000 m, constitue la plus grande artère de la ville est complètement envahie par ces revendeurs et d'autres qui ont flairé la bonne affaire avec cette frénésie des achats par les familles qui malgré la cherté des produits exposés ne s'en privent pas. Des tables garnies de bougies de toutes les couleurs et de différentes tailles, des pots de miel, du henné, des confiseries, mais surtout et c'est ce qui attire le plus les enfants, jeunes et moins jeunes, les tables des vendeurs de produits pyrotechniques en provenance de pays asiatiques, qui malgré le fait qu'ils représentent un réel danger et qu'ils soient de ce fait interdits à la commercialisation, sont disponibles en abondance. Une permissivité qui ouvre la voie à toutes les dérives. Comme chaque année, à l'approche de la fête du Mawlid Ennabaoui, les pétards, feux d'artifice, fumigènes et autres produits pyrotechniques redeviennent à la mode. Même s'ils ne riment pas à l'esprit de la fête et qu'ils soient assez chers, ces pétards aux appellations étranges, telles que Ecchittana, Zoudj Bombet ou Merzaga, sont pourtant très demandés. Selon une ophtalmologue installée à Ghardaïa, «les pétards qui restent des produits nocifs sont la première cause des accidents lors de la fête du Mawlid Ennabaoui, causant plusieurs blessures à des degrés divers de gravité, notamment des contusions oculaires avec même un œdème de Berlin. L'atteinte oculaire par un gros pétard ou une fusée peut aussi provoquer un éclatement du globe oculaire et une plaie de la paupière.» Pour Mohamed, enseignant d'anglais dans un lycée de Sidi Abbaz, «les jeunes n'hésitent pas à faire exploser des pétards dans les magasins, les rues et les ruelles, ce qui met en danger nos femmes et nos enfants qui, terrifiés, sursautent à la moindre explosion.» Et d'ajouter : «Certains écervelés s'amusent à se cacher dans les masures des ruelles d'où ils lancent avec insouciance des pétards sur les passants, croyant à un jeu, alors qu'il peut s'agir d'une personne malade ou enceinte et dont les conséquences sur sa santé peuvent entre irréversibles.»