Bien que cette année les produits pyrotechniques inondent peu l'espace public, comparativement aux années précédentes, les revendeurs, qui n'activent plus à la sauvette, étalent leur attirail de pétards, bombes, doubles bombes, feux de Bengale et autres joyeusetés, au grand bonheur des petits et des... grands. Au risque de rabâcher à l'envi, la loi est on ne peut claire à travers le décret n° 63-291, du 2 août 1963, qui stipule que «la fabrication, l'importation, la vente et l'usage de pétards et tout autre produit pyrotechnique sur le territoire national sont prohibés». Mais c'est compter sans l'aubaine que s'offrent les barons de l'import-import qui passent — c'est devenu un lieu commun — à travers les mailles des frontières terrestres et surtout maritimes pour écouler leurs produits pyrotechniques. C'est une aubaine que leur offre ce commerce interdit dans la mesure où il leur permet de ratisser large. Un beau pactole que les nababs engrangent à «la pelle» grâce aux faux registres du commerce qui flouent les services des Douanes. Mais qui sanctionner ? Les petits revendeurs qui élisent leurs quartiers le long de la rue Amar Ali (ex-Randon), troquant, l'espace d'un moment, la vente de cigarettes contre un gain plus juteux, ou les importateurs de containers de ce type d'artifices et de pétarades? Si les premiers n'ont cure de cette source de dangers, notamment pour les enfants dont bon nombre d'entre eux font les frais — et ce n'est pas peu dire — de plaisanteries de mauvais goût et de «jeu de vilain» avant d'être conduits aux services ophtalmo et de traumato, les seconds, eux, agissent — telle une force occulte — dans l'ombre du compérage. Aussi, là où ça fait tilt, c'est le communiqué de la Protection civile qui invite les citoyens, notamment les jeunes, à faire preuve «de vigilance» dans l'utilisation des produits pyrotechniques (…). La direction de la PC de la wilaya d'Alger «recommande à la population de faire preuve de vigilance par le respect des règles de bon voisinage, et des consignes de sécurité pour permettre d'éliminer ou (...) réduire les conséquences générées par le mauvais usages des pétards». Et d'indiquer plus loin que «l'utilisation des produits pyrotechniques engendre le plus souvent d'énormes dégâts humains et matériels». Bien que l'on comprenne quelque inquiétude que nourrit la Protection civile qui sera mise à rude épreuve pendant le Mawlid ennabaoui, l'on s'interroge sur l'utilité de la loi. Autrement dit, soit interdire cette pratique, soit autoriser ce commerce, mais adhérer à une demi-mesure, le décret ne peut qu'être caduc. En plus clair, c'est tordre le cou à la citation de Pausanias qui dit que «la loi doit avoir autorité sur les hommes, et non les hommes sur la loi».