Le négociateur palestinien en chef, Saeb Erekat, a qualifié la décision israélienne de «crime de guerre». Il a promis que les Palestiniens ne reculeront pas devant les pressions israéliennes. En riposte à la décision de la direction palestinienne d'adhérer à 20 conventions internationales, dont celle de Rome régissant la Cour pénale internationale, prise mercredi, le gouvernement israélien a décidé de geler le transfert de 106 millions d'euros à l'Autorité palestinienne. Cette somme représente les taxes prélevées sur les marchandises destinées au marché palestinien transitant par les frontières contrôlées par l'Etat hébreu. C'est donc de l'argent palestinien à 100%. Un argent sur lequel, faut-il le rappeler, Israël prélève un certain pourcentage. Le gel de cet argent est un vol pur et simple. C'est une méthode qui a été utilisée à maintes reprises par Tel-Aviv pour faire pression ou même punir les Palestiniens à chaque fois que leurs représentants prennent des décisions jugées contraires à ses intérêts. C'est ce qui s'est produit après l'installation du gouvernement Hamas après les législatives en 2006. Israël avait en effet arrêté de transférer le montant de ces taxes durant plus d'une année. Il y a lieu de rappeler que cet argent sert à payer les salaires de près de 150 000 employés civils et militaires de l'Autorité palestinienne. Ceux-ci n'ont d'ailleurs toujours pas touché leur traitement du mois de décembre 2014. Pour les Palestiniens dont la vie dépend de ces salaires, les prochains jours risquent d'être très compliqués. L'ignoble chantage israélien va avoir également des retombées terribles sur la machine économique palestinienne dont le fonctionnement dépend de ces salaires. Le raisonnement vaut notamment pour la bande de Ghaza, où une extrême pauvreté touche les deux tiers de la population. Le négociateur palestinien en chef, Saeb Erekat, a qualifié la décision israélienne de «crime de guerre». Il a promis que les Palestiniens ne reculeront pas devant les pressions israéliennes. Il faut rappeler qu'au lendemain de l'échec au Conseil de sécurité de la résolution palestinienne réclamant une fin de l'occupation israélienne d'ici fin 2017, la Palestine a demandé officiellement, vendredi, à adhérer à une vingtaine d'organismes internationaux, dont la Cour pénale internationale (CPI). Cette adhésion a été rendue possible après le changement de statut de l'Etat de Palestine à l'ONU en novembre 2012. Ce n'est pas tout. Après l'entrée, ce mois de janvier, au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, de plusieurs pays soutenant la cause palestinienne, la direction palestinienne pense remettre de nouveau sur la table son projet de résolution rejeté pour ne pas avoir pu réunir les 9 voix nécessaires à son adoption. Quoi qu'il en soit, l'offensive diplomatique palestinienne a affolé l'occupant israélien qui craint désormais de se retrouver isolé sur la scène internationale. Le dernier vote au Conseil de sécurité de l'ONU a montré aussi que ce sont les Etats-Unis qui empêchent le règlement du conflit palestino-israélien. Panique en Israël La ténacité de la direction palestinienne, représentée par Mahmoud Abbas, qui a exécuté ses menaces d'adhésion à plus d'organismes internationaux, dont la CPI qui est capable de juger les responsables israéliens pour crimes de guerre, a surpris aussi bien Israël que son allié américain. C'est ce qui explique leurs réactions immédiates de priver l'Autorité palestinienne d'argent, espérant que la crise économique et sociale qui en résultera obligera Mahmoud Abbas à changer de cap. Mais celui-ci reste soutenu par la population. L'Administration américaine a menacé, en effet, aussi de priver les Palestiniens de ses aides financières annuelles. L'occupant israélien et son protecteur américain utiliseront sûrement d'autres moyens pour faire abdiquer Mahmoud Abbas. En cas d'échec, ils penseront probablement même à son élimination physique, comme ils l'ont fait avec son prédécesseur Yasser Arafat. Ce dernier était devenu, subitement, à leurs yeux, un non-partenaire dans le soi-disant processus de paix, tout juste parce qu'il a refusé de faire des concessions sur des questions de principe symbolisant la cause palestinienne, en l'occurrence la création d'un Etat palestinien indépendant selon les frontières d'avant l'occupation israélienne de 1967. Soit exactement ce que revendique Mahmoud Abbas aujourd'hui.