Mahmoud Abbas passe des menaces aux actes. 24 heures après le niet du Conseil de sécurité à la résolution palestinienne demandant la fin de l'occupation israélienne d'ici trois ans, il se tourne vers la Cour pénale internationale (CPI), la seule instance compétente pour poursuivre les responsables israéliens pour les « crimes de guerre » qu'ils ont commis, notamment à Ghaza, ravagée par trois guerres en six ans. 500 enfants tués et plus de 3.000 blessés pendant l'offensive israélienne de l'été dernier. Une fois la demande d'adhésion déposée, un procureur du tribunal l'examinera. Le délai de réponse est de deux mois. Le président de l'Autorité palestinienne a promulgué mercredi dernier 20 accords internationaux. Ces traités portent sur les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité, les armes à sous-munitions, la protection des personnes et d'autres domaines susceptibles d'être utilisés dans la future offensive judiciaire que les Palestiniens menacent d'engager contre des responsables israéliens. « Ils nous attaquent nous et notre territoire tous les jours, auprès de qui allons-nous nous plaindre ? Le Conseil de sécurité nous a laissé tomber : où pouvons-nous aller ? », a déclaré Mahmoud Abbas lors d'une réunion de dirigeants palestiniens retransmise par la télévision. « Nous voulons en référer aux institutions internationales, et en voici une à laquelle nous nous adressons, et nous nous plaindrons auprès de ces personnes », a ajouté le président de l'Autorité palestinienne avant de signer les documents. « Nous jouons les gentils, en ce qui concerne les négociations, depuis 1991, et pendant ce temps, les chances d'une solution à deux Etats sont en train de s'effriter », a déclaré Hanane Achraoui, la diplomate palestinienne. Et de préciser que la décision annoncée par Mahmoud Abbas était « un signal clair à Israël et à la communauté internationale qu'Israël doit cesser ses crimes de guerre, notamment les colonies ». Selon certains analystes, Israël a obtenu mardi soir un peu de répit, rien de plus. Saeb Erekat, le négociateur palestinien, rappellent-ils, a évoqué la possibilité de revenir au Conseil de sécurité. La résolution palestinienne qui a été présentée mardi soir par la Jordanie n'a pas obtenu les neuf voix nécessaires à son adoption. Elle n'a obtenu que huit voix (Russie, Chine, France, Luxembourg, Jordanie, Chili, Argentine et Tchad). Deux pays (Etats-Unis et Australie) s'y sont opposés. Cinq Etats (Grande-Bretagne, Nigeria, Corée du Sud, Rwanda et Lituanie) se sont abstenus. Washington n'a pas eu à besoin de faire jouer son droit de veto. Quelques heures avant le scrutin, les Palestiniens étaient certains d'avoir leurs « neuf voix ». Mais c'était sans compter sur les pressions américaines. Le Nigeria, qui leur a donné son accord de principe pour voter « oui », a décidé de s'abstenir. Selon plusieurs observateurs, les Palestiniens ont auraient dû attendre l'arrivée des nouveaux membres du Conseil de sécurité avec lesquels ils avaient de meilleures chances d'obtenir les 9 voix Les Etats-Unis, qui ont échoué en avril dernier à relancer un dialogue infructueux, fulminent. Ils estiment que la décision du président palestinien d'adhérer à la CPI est une « escalade contre-productive » qui « alourdirait sérieusement le climat avec le peuple israélien avec lequel ils doivent, au bout du compte, faire la paix ». Pour eux et... Israël, la résolution du conflit passe impérativement par des négociations de paix.