Le nouveau stade de 50 000 places couvertes de Tizi Ouzou figure parmi les projets en souffrance dans la wilaya, en raison des retards accusés dans sa réalisation. Inscrit en février 2005, ce projet a été lancé cinq ans plus tard, mai 2010. De toute apparence, cette infrastructure sportive affectée à la JSK est entrée dans une profonde léthargie. Car, au rythme de l'avancement des travaux, elle n'ouvrira pas ses portes aux délais contractuels avancés, soit en décembre 2015. Outre ce stade de football, le projet global comprend un stade d'athlétisme, un terrain de réplique et des aménagements extérieurs. En juillet dernier, la réalisation de l'enceinte a enregistré un taux de 20%. Sa livraison a été différée à deux reprises, résultat justement des retards des travaux. Sous l'égide de la direction de la jeunesse et des sports, l'arène sportive a été confiée au groupement d'entreprises algéro-espagnol, ETRHB Haddad-FCC Construction. Implanté à Boukhalfa, périphérie sud de la ville de Tizi Ouzou, ce projet a été lancé en grande pompe le 14 mai 2010, pour un délai de réalisation de 30 mois. Il devait être livré en novembre 2012. Or, le chantier a enregistré un arrêt des travaux quelques semaines après le début de l'opération des terrassements. Les entreprises réalisatrices ont été alors mises en demeure par le maître de l'ouvrage et sommées d'accélérer la cadence de travail. Parmi les griefs retenus à leur encontre, le manque d'organisation, la mauvaise planification des opérations de bétonnage, le manque de main-d'œuvre et de personnel spécialisé. Une virée sur lieux nous a permis de constater qu'hormis la superstructure (portique en béton) en cours de construction, les travaux portant sur la pose des poutres en treillis et la couverture en charpente métallique sont loin d'être lancés. A l'origine des retards Nous avons été accompagnés sur le site du chantier par le chef de ce projet. M. Akroum de la DJS nous explique : «FCC Construction (chef de file) et ETRHB Haddad avaient arraché le contrat (35 milliards de dinars) en 2009. L'ordre de service (ODS) leur avait été remis en mai 2010. Les délais impartis étaient fixés à novembre 2012. Tout allait pour le mieux jusqu'au jour où un conflit interne, mettant aux prises les deux entreprises, a éclaté. Faut-il dire que le litige n'a pas été sans conséquences sur les retards accusés. C'est alors, qu'un avenant de 17 mois, puis de 20 autres (plan d'action) leur avaient été accordés, en vue d'une annonce de livraison en premier lieu fixée à avril 2014 puis recalée à décembre 2015.» En dépit des sorties effectuées sur place par plusieurs responsables, le chantier peine à retrouver un rythme de travail significatif. Le wali de Tizi Ouzou et le directeur de la DJS ont, dans leurs multiples déclarations, incité les entreprises à respecter les délais, le cas échéant ils appliqueront la réglementation en matière des pénalités de retard. Même l'implication du ministre des Sports, Mohamed Tahmi, et du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, n'a pas réussi à relancer le chantier pour le livrer à la date prévue. Fin 2013, M. Tahmi a procédé à la répartition des lots du projet global entre les deux entreprises, afin de mettre fin au différend. C'est ainsi que les stades de football, d'athlétisme et celui de réplique ont été confiés à FCC Construction. L'ETRHB Haddad, quant à elle, a été chargée de réaliser les aménagements extérieurs (parking, VRD, murs de soutènement). La situation n'a pas changé pour autant, puisque le chantier n'a atteint au demeurant que 20% de réalisation. Pourtant, M. Tahmi avait déclaré, lors de sa visite à Tizi Ouzou (juillet denier), que le PDG de FCC l'avait rassuré quant au redémarrage du chantier, étant donné que les contraintes étaient levées et les tâches des deux entreprises définies. Le ministre avait déclaré que «désormais, aucun retard ne sera accepté». Une année auparavant M. Tahmi, avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en visite à Tizi Ouzou (juillet 2013), avait instruit les entreprises réalisatrices «de livrer le projet à la saison 2014-2015. Les entreprises n'ont aucun problème avec l'administration algérienne, dès lors qu'elles doivent prendre leurs dispositions pour livrer le chantier à la date prévue», avait-il dit. Résultat : la livraison a été encore une fois renvoyée à décembre 2015. Ainsi des questions sont soulevées. Pourquoi aucune des solutions envisagées aux différents niveaux de responsabilité n'a porté ses fruits ? Défaillance technique ? Mauvaise gestion de ce projet ? Y a-t-il autre chose ? Le chantier 4 mois à l'arrêt Montrée d'un doigt accusateur, la FCC Construction a été maintes fois pressée par les différents responsables de livrer le stade dans les délais. «Ce retard est à imputer exclusivement à l'entreprise espagnole FCC-construction», avait accusé, l'année dernière, Abdelkader Bouazgui, wali de Tizi Ouzou. Sur le chantier, notre interlocuteur de la DJS nous apprend que le chantier du stade a connu un arrêt de travail le 23 juillet dernier, après que les travailleurs de l'entreprise espagnole eurent quitté les lieux. Ceci intervient, faut-il le préciser, une semaine après la visite du ministre des Sports qui s'était engagé «à lever les contraintes d'ordre administratif» et de déclarer à la même occasion que «les entreprises doivent respecter le planning pour livrer le stade en décembre 2015». Le 24 novembre, l'ETRHB Haddad a repris les travaux du chantier, en parallèle à ceux lancés concernant les autres lots du projet global dont elle a la charge de réalisation. Explication : le 25 juillet dernier, le chef de file du groupement de réalisation, FCC Construction, a demandé la résiliation de son contrat à l'amiable. Ce qui n'a pas été accepté par le maître de l'ouvrage, considérant l'entreprise espagnole «défaillante», ce qui sous-entend qu'elle est «résiliée de fait». «C'est la raison pour laquelle le chantier a connu un arrêt, car la procédure administrative et judiciaire de la rupture du contrat suit toujours son cours», explique le chef de projet. «L'ETRHB Haddad a repris le chantier du stade dans le cadre du contrat conjoint et solidaire, et sur la base du cahier des charges, lesquels stipulent que si l'une des deux entreprises venait à résilier son contrat, l'autre reprendrait le projet.» Interrogé au sujet des délais de réalisation, notre interlocuteur fera savoir que «le stade sera livré en décembre 2015», soit aux échéances avancées. Se voulant rassurant, il a argué que l'ETRHB a renforcé ses effectifs en recrutant une main-d'œuvre turque, afin, a-t-ilprécisé, d'augmenter la cadence de travail pour une livraison dans les délais. Une année avant l'échéance, force est de constater qu'en dépit du vrombissement des camions et de la mobilité des grues, le stade de Tizi Ouzou ne verra pas le jour de sitôt.