Le conflit syrien, qui a commencé en mars 2011, a déjà fait plus de 200 000 morts en près de quatre ans, dont plus de 76 000 en 2014, selon des données de l'Observatoire syrien des droits de l'homme. L'Organisation des Nations unies a-t-elle atteint ses limites en matière de prévention et de règlement des conflits ? Il faut penser que oui au regard des inquiétudes affichées par ses représentants. Pas plus loin qu'hier, le haut commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Antonio Guterres, a estimé que l'exode de millions de réfugiés victimes des guerres en Syrie et en Irak démontre l'impuissance de la communauté internationale «à empêcher et à régler les conflits». «Une méga-crise, la méga-crise qui sévit en Syrie et en Irak ainsi que les nouvelles et les anciennes crises qui n'en finissent pas ont créé le plus grave problème de déplacement de populations depuis la Seconde Guerre mondiale», a noté en outre M. Guterres lors de la réunion annuelle des ambassadeurs turcs à Ankara. 50 millions de réfugiés Dans ce contexte, le responsable du HCR a rappeler que «plus de 13 millions de personnes ont été déplacées à cause des conflits en Syrie et en Irak, la crise s'est aggravée dans le Soudan du Sud pour gagner le Tchad voisin, la situation s'est dégradée en Libye et une nouvelle crise sévit en Ukraine». «Tout cela montre que la communauté internationale a largement perdu sa capacité à empêcher et à régler les conflits», a insisté M. Guterres. «Nous vivons dans un monde où l'imprévisibilité et l'impunité sont devenues les règles du jeu. Un monde où il n'y a plus de direction efficace, un monde où les conflit se multiplient et où les anciennes crises restent latentes, ce qui a des conséquences dramatiques en termes humanitaires», a poursuivi le diplomate. Le responsable onusien avait annoncé, en juin dernier, que le nombre de réfugiés recensés sur l'ensemble de la planète avait dépassé la barre des 50 millions pour la première fois depuis 1945. La Turquie accueille officiellement plus de 1,6 million de Syriens sur son territoire. La plupart de ces réfugiés vivent dans les villes turques dans la précarité la plus extrême. Pour rester dans le cas de la crise syrienne, il faut savoir qu'au moins 160 enfants ont perdu la vie dans des attaques contre des écoles en 2014, alors que près de 1,6 million d'enfants ont dû interrompre leur scolarité en raison du conflit. «Entre janvier et décembre, il y a eu au moins 68 attaques contre des écoles qui ont causé la mort d'au moins 160 enfants et blessé 343 autres», a déclaré lors d'une conférence de presse le porte-parole de l'Unicef, Christophe Boulierac. Il a précisé que ces chiffres étaient «certainement sous-estimés en raison de la difficulté d'accéder aux informations». Selon l'Unicef, entre 1,3 et 1,6 million d'enfants syriens ne peuvent aller à l'école en raison de l'insécurité qui règne sur le territoire. «Les écoles doivent rester des zones de paix et de confiance pour les enfants, sans peur de blessure ou de la mort», souligne l'Unicef. L'organisation onusienne a, par ailleurs, exprimé son inquiétude sur la situation dans certaines zones sous contrôle partiel ou total du groupe terroriste autoproclamé Etat islamique, notamment dans les provinces de Raqqa, Deir Ezzor et dans les zones rurales d'Alep. «Environ 670 000 enfants sont concernés» dans ces zones où les écoles sont parfois fermées, a expliqué M. Boulierac. Le conflit syrien – qui a commencé en mars 2011 – a déjà fait plus de 200 000 morts en près de quatre ans, dont plus de 76 000 en 2014, selon des données de l'Observatoire syrien des droits de l'homme. L'Unicef estime, pour sa part, que plus de 8 millions d'enfants ont été affectés par le conflit, dont 1,7 million sont actuellement réfugiés.