L'Algérie devrait enregistrer, en tant que pays exportateur de pétrole, une détérioration des soldes des comptes courants de sa balance de paiements. La chute des prix du pétrole sur le marché mondial pousse encore une fois le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA) à faire part de ses inquiétudes quant à la capacité du pays à résister aux chocs externes. Lors d'une réunion convoquée jeudi au siège de la Banque d'Algérie, avec les PDG des banques et établissements financiers activant en Algérie, Mohamed Laksaci a parlé de «l'acuité probable d'un choc externe en 2015». Il a en outre déclaré que «l'Algérie subit, à l'instar des autres pays exportateurs de pétrole, le choc que connaissent les prix du baril à travers ses effets sur la balance des paiements et les finances publiques». Selon M. Laksaci, cité par l'APS, l'Algérie devrait enregistrer, en tant que pays exportateur de pétrole, une détérioration des soldes des comptes courants de sa balance de paiement, ainsi qu'une contraction de sa marge de manœuvre budgétaire, face à un prix d'équilibre budgétaire plutôt élevé. Cette situation pourrait induire des effets négatifs sur le taux de croissance économique du pays, a-t-il estimé, tout en constatant que dans plusieurs pays exportateurs de pétrole, dont l'Algérie, le niveau élevé du prix d'équilibre budgétaire témoigne de l'acuité de la vulnérabilité des finances publiques à la baisse tendancielle du prix du pétrole. La situation est d'autant plus critique, au sens de Laksaci, que les importations de biens divers n'ont cessé de progresser au cours des années. Les derniers chiffres indiquent que les importations ont atteint un montant de 44,92 milliards de dollars durant les neuf premiers mois de l'année 2014 selon lui. En plus de cette hausse des importations, préjudiciables aux équilibres financiers du pays, le gouverneur de la Banque d'Algérie révèle que les réserves de change ont baissé de quelque 10 milliards de dollars en quatre mois. «Les réserves se sont ainsi établies à 185,273 milliards de dollars à fin septembre 2014. Concernant le Fonds de régulation des recettes (FRR), les prélèvements puisés en 2014 ont atteint 757,10 milliards de dinars durant les seuls neuf premiers mois de l'année 2014», selon M. Laksaci, dans le sillage d'un premier prélèvement effectué en 2013 avec à peine 70 milliards de dinars. Fuite de capitaux : Les banques rappelées à l'ordre Dans cette conjoncture difficile, le gouverneur de la Banque d'Algérie a réitéré par ailleurs, dans sa réunion solennelle avec les banquiers, la nécessité de veiller au respect de la réglementation du commerce extérieur et à la lutter efficacement contre le transfert illégal de devises. Il appellera dans ce cadre les banques à respecter strictement leurs obligations pour les opérations de commerce extérieur et de change, afin de maintenir la stabilité financière de l'Algérie. «Vu l'acuité probable du choc externe en 2015, il est attendu des banques le strict respect de leurs obligations, en tant qu'intermédiaires agréés, au titre des opérations de commerce extérieur et de change, dans le cadre de la convertibilité courante du dinar», a déclaré M. Laksaci lors de la réunion avec les PDG des banques et établissements financiers. «Au moyen du renforcement du contrôle des changes sur pièces et sur place, la Banque centrale veillera au respect par les banques du nouveau ratio engagements par signature rapportés aux fonds propres», a-t-il avisé, selon l'APS. Rappelant que ce ratio prudentiel a été ramené de 4 à 2, avec effet à compter du 1er décembre 2014, M. Laksaci a relevé que cela visait «à contenir les risques liés à l'implication des banques dans le financement des importations dès 2015, afin de contribuer à préserver un niveau approprié de stabilité financière en Algérie face à un environnement économique mondial porteur de risques à la hausse». A ce propos, il a fait savoir que les services de la Banque d'Algérie s'attacheront, au cours de l'année 2015, à «accentuer la cadence des missions de contrôle» sur place auprès des banques et intermédiaires agréés, dédiées à la «vérification des dossiers de domiciliation des transactions courantes avec l'étranger». Dans ses mises en garde adressées aux responsables financiers, il mettra notamment l'accent sur «les activités et les opérations d'importation à risque», c'est-à-dire celles réalisées à partir de certains pays dont les systèmes fiscal, douanier et anti-blanchiment sont notoirement réputés pour leur laxisme et tolérance. Plus encore, la BA procédera, selon M. Laksasi, à «une évaluation approfondie» des dispositifs de contrôle interne des banques et intermédiaires agréés en vue de s'assurer de la conformité de leurs procédures internes en matière de traitement des opérations aux prescriptions réglementaires en vigueur, de la mise en place d'un cadre organisationnel adapté et de la disponibilité des moyens humains et matériels leur permettant d'assurer, dans les meilleures conditions, la réalisation des opérations.